AVC : un drame familial souvent évitable

09 juin 2010

La France compte chaque année plus de 130 000 accidents vasculaires cérébraux (AVC), qui font 40 000 morts et laissent 30 000 patients lourdement handicapés ! Ces accidents, qui selon le Plan AVC du ministère de la Santé constituent l’une des principales cause de mortalité dans notre pays, sont également la première cause de handicap acquis de l’adulte. Ils représentent donc toujours un drame, pour leurs victimes mais aussi pour leurs proches.

Pour mieux évaluer leur retentissement familial le sociologue Pierre Aïach, de l’INSERM, avait conduit une enquête en 2005. Avec son équipe, il avait alors interrogé plus de 1 000 personnes : des patients bien-sûr mais aussi leurs proches (conjoint, enfants, parents, frères, sœurs…). Vie de couple bouleversée, perte d’autonomie et baisse des revenus… les dégâts collatéraux de l’AVC se sont avérés considérables.

« Son impact sur les proches est particulièrement énorme », explique le Dr France Woimant, vice-présidente de l’association France-AVC et neurologue à l’Unité neurovasculaire de l’Hôpital Lariboisière à Paris. Pourquoi « particulièrement » ? « Car contrairement à une affection dégénérative comme les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson, les proches ne sont pas préparés. Ils prennent l’accident de plein fouet. Du jour au lendemain, leur vie est totalement bouleversée ». D’autant plus en présence de handicaps lourds et de perte d’autonomie. Pour France Woimant, « il faut aussi savoir qu’après un AVC, le caractère change. Les relations voire les rapports d’autorité au sein même de la famille peuvent donc évoluer ».

Une famille sur deux en perte de revenus !

Au-delà de ses répercussions psychologiques, les conséquences financières d’un AVC sont réelles. L’étude menée par Pierre Aïach a montré que pour une famille sur deux, l’accident provoque une baisse de revenus ! « De nombreuses victimes perdent leur emploi sans espoir de le retrouver », enchaîne la présidente de France AVC. « Pour d’autres, la reprise du travail est difficile et compliquée. Le risque est de reprendre trop tôt. C’est pourquoi je recommande à chacun de mes patients d’effectuer un bilan auprès d’un neurologue avant de reprendre le travail. C’est très important, pour ne pas avoir à gérer un autre échec ».

Drame familial au vrai sens du terme, l’AVC n’est pourtant pas une fatalité. Au même titre que la prise en charge des malades, la prévention figure au cœur du plan AVC lancé en avril dernier par le ministère de la Santé. Elle passe notamment « par un contrôle régulier de l’hypertension artérielle, le premier facteur de risque d’AVC », rappelle France Woimant, qui cite également le diabète, le tabagisme et la sédentarité. Sans oublier « la fibrillation auriculaire (FA) méconnue mais très fréquente ». Ce trouble atteint 6% des plus de 65 ans, et 10% des plus de 80 ans. Or « sa complication majeure est précisément l’infarctus cérébral », qui représente 80% des AVC. La fibrillation auriculaire est caractérisée par un rythme cardiaque à la fois irrégulier et rapide. Et c’est un signe qui doit amener à consulter son médecin.

  • Source : Interview du Dr France Woimant, 25 mai 2010 – Ministère de la Santé, Plan AVC 2010-2014

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