AZF : des conséquences sanitaires dans la durée

02 mars 2009

Alors que se poursuit le procès visant à déterminer les responsabilités dans l’explosion de l’usine AZF de Toulouse, l’Institut de Veille sanitaire (InVS) explore encore, 7 ans après le drame, ses conséquences sanitaires.

Troubles auditifs, syndrome de stress post-traumatique (SPT) et épisodes de dépression, les handicaps s’installent… Ce constat émane des résultats de la cohorte santé AZF, constituée en mai 2003.Composée de 2 500 volontaires en activité au moment de l’explosion, elle décrit l’impact sanitaire et socio-professionnel de la catastrophe. Les derniers résultats concernant 2005 viennent d’être publiés.

Troubles auditifs. Toutes les études conduites font état d’une forte prévalence des troubles de l’audition parmi la population toulousaine. Fin 2005 donc, 33% des hommes et 27% des femmes souffraient toujours d’acouphènes. Quant à l’hyperacousie –une affection pourtant rare- elle concernait jusqu’à 30% des hommes et 39% des femmes suivies dans le cadre de la cohorte !

Santé mentale . « Plusieurs indicateurs témoignent d’une grande souffrance psychologique dans la population plusieurs mois après l’explosion » rappelaient en octobre 2006, les auteurs du rapport final sur les conséquences sanitaires de la catastrophe. « Un tiers des personnes qui se trouvaient à moins de 1,7 km de l’usine a notamment déclaré avoir pris un traitement antipsychotique à la suite de l’explosion », nous confirme le Dr Valérie Schwoebel, responsable de la cellule interrégionale d’épidémiologie (Cire) Midi-Pyrénées.

Les personnes défavorisées souffrent plus…

Quatre ans après l’explosion, 15% des hommes et 22% des femmes de la Cohorte AZF souffraient toujours d’un syndrome de stress post-traumatique. Par ailleurs 34% des hommes et 50% des femmes rapportaient des épisodes depressifs !

Valérie Schwoebel et ses collègues ont observé surtout, que ces chiffres variaient d’une catégorie socioprofessionnelle à l’autre. « A exposition égale, les conséquences psychologiques sont plus importantes et plus fréquentes chez les personnes les plus vulnérables sur le plan socio-économique », indique-t-elle. Sept ans et demi après une catastrophe industrielle qui a fait 30 morts et plus de 2 500 blessés, c’est un triste constat.

  • Source : Interview du Dr Valérie Schwoebel (Cire), 24 février 2009 ; Rapport final sur les conséquences sanitaires dans la population des travailleurs et des sauveteurs de l’agglomération toulousaine, octobre 2006 ; Cohorte des travailleurs de l’agglomération toulousaine, 29 janvier 2009

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