Asie du Sud-est : la mutation qui protège contre le palu

29 décembre 2009

Une mutation génétique, portée par 18% à 25% de la population d’Asie du Sud-est, protègerait cette dernière contre le paludisme. C’est ce que viennent de constater des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS et de l’Université de Mahidol en Thaïlande.

En étudiant le génome de plus de 3 500 personnes, ils ont observé que la mutation du gène codant pour une enzyme – la Glucose-6-phosphate-deshydrogénase ou G6PD – était particulièrement fréquente. Or dans le même temps, il s’est avéré que les sujets porteurs de cette mutation avaient un taux de survie au paludisme bien plus élevé que les autres, et une concentration de parasites dans le sang très diminuée.

Il s’agirait en fait d’un phénomène analogue à un autre, observé en Afrique où une autre mutation liée à la G6PD protège également contre le paludisme. Une différence cependant : sur le continent africain, le parasite concerné est Plasmodium falciparum, alors qu’en Asie il s’agit de Plasmodium vivax. Et si les deux mutations affectent la G6PD, elles ne sont pas semblables.

Le déficit enzymatique provoqué par cette mutation engendre anémies et jaunisses, voire une affection congénitale, le favisme, caractérisée par une intolérance grave à certains aliments et médicaments. Mais parallèlement, il protège contre le paludisme. Les porteurs de la mutation, dans ce cas, vivent plus longtemps que les autres… et peuvent donc transmettre cette mutation à leurs enfants ! Ce qui explique sa fréquence plus importante dans les populations où la prévalence du paludisme est élevée, comme en Afrique ou en Asie du Sud-Est.

L’étude génétique menée en Thaïlande a montré que cette mutation s’est développée voici 1 500 ans, quand la culture des rizières s’est étendue, mettant en contact les hommes et les moustiques porteurs du parasite. Les populations porteuses de la mutation ont mieux survécu au paludisme, et ont transmis plus largement leur patrimoine génétique.

  • Source : Institut Pasteur, CNRS, 10 décembre 2009.

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