Biture du samedi, cœur meurtri !

04 mars 2011

Le « Binge-drinking » inventé outre-Manche, est décidément une bien mauvaise habitude. En plus de ses nombreux effets dévastateurs à très court terme, voilà qu’il augmenterait le risque d’infarctus du myocarde. Les résultats d’une étude menée par l’INSERM et le CHU de Toulouse, montrent que cette consommation importante et épisodique d’alcool provoque davantage de dégâts que la même quantité d’alcool répartie sur toute la semaine. Dis-moi comment tu bois, je te dirai ce que tu risques…

Pendant 10 ans, l’équipe du Dr Jean-Bernard Ruidavets de l’Université de Toulouse, a suivi la consommation alcoolique de près de 10 000 quinquagénaires de sexe masculin, en France et en Irlande du Nord. Une comparaison intéressante car à Belfast, les buveurs privilégient le week-end et consomment en moyenne, plus de 10 verres d’alcool chaque samedi soir ! Dans l’Hexagone en revanche, la consommation (quasiment identique en moyenne hebdomadaire) est répartie sur la semaine. A raison pratiquement, d’un à deux verres par jour

Binge-drinking et infarctus.

« Le Binge-drinking, c’est-à-dire la consommation excessive d’alcool en une seule occasion, concerne… 20 fois plus d’Irlandais que de Français » soulignent les auteurs. « Au final, pendant les 10 ans de suivi le nombre d’infarctus du myocarde a été de 5,63 pour 1 000 Irlandais, contre seulement 2,78 pour 1 000 Français. Un risque doublé donc, pour les buveurs du week-end. Et cela, quelle que soit la quantité d’alcool consommée. ».

Le french paradox expliqué?

En France la consommation de vin est prédominante (92%), alors que les habitants de Belfast lui préfèrent la bière. Seuls 27% d’entre eux déclarent en effet boire du vin. « La consommation de vin reflète des comportements de vie différents par rapport aux buveurs de bière » expliquent les auteurs. « Et elle est associée à d’autres comportements protecteurs sur le plan cardiovasculaire, comme un régime alimentaire plus sain, souligne le Dr Jean Ferrières, co-auteur de l’étude. Un « French paradox déjà mis en avant par l’étude MONICA pilotée par l’OMS : l’Europe du Nord, caractérisée par une alimentation plus riche en beurre, en crème fraîche, en boissons sucrées, en bière, en pommes de terre ou en charcuteries, est le siège d’un plus grand nombre d’infarctus du myocarde et autres maladies cardiovasculaires. Ce qui contraste avec les populations du Sud, adeptes d’huiles végétales, de fruits et de légumes, mais aussi de pain et de vin en quantités plus modérées, à doses réparties dans le temps.

« Tous ces travaux alertent sur les risques d’une consommation occasionnelle mais excessive d’alcool, concentrée sur le week-end » conclut Jean Ferrières. « Ce mode de consommation est assez typique des pays d’Europe du Nord mais il gagne du terrain chez les jeunes de l’Hexagone. Si ces nouvelles habitudes s’installent dans le temps, il est à craindre une recrudescence d’infarctus du myocarde dans les années à venir ».

  • Source : INSERM, novembre 2010

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