Bruits de voisinage : c’est la santé qui trinque

12 juin 2012

Près deux Français sur trois se plaignent du bruit qu’ils subissent à leur domicile. Selon un rapport publié hier par l’Académie nationale de médecine, cette gêne peut être à l’origine de nombreux troubles : perturbations du sommeil, fatigue, stress, dépression…

L’Académie s’est ici exclusivement intéressée aux bruits de voisinage : disputes, musique amplifiée, tondeuse à gazon, bricolage… « Sous ce terme, la réglementation englobe tous les bruits de nature à porter atteinte à la tranquillité du voisinage, par leur durée, leur répétition ou leur intensité et qui ne sont pas visés par une réglementation particulière dans un autre code que celui de la santé publique », explique l’Académie. Ainsi les bruits de voisinage excluent-ils les nuisances générées par des infrastructures de transports terrestres et les véhicules qui y circulent, par les aéronefs, les installations particulières de la Défense nationale et les bruits perçus sur le lieu de travail.

« Les effets (des bruits de voisinage) sur le sommeil apparaissent dès le niveau sonore de 30dB et même avec des niveaux plus bas, tels que ceux provenant de systèmes de ventilation. Les perturbations sont d’autant plus marquées que le bruit s’intensifie ». Les conséquences peuvent en être importantes : réduction de la qualité perçue du sommeil, irritabilité, anxiété, fatigue chronique, somnolence diurne et diminution de la vigilance.

Ce n’est pas tout. En effet, notre organisme réagit face à une stimulation sonore et cela d’autant plus que celle-ci est subie. Les nuisances sonores participent ainsi à l’accélération de la fréquence cardiaque. « Le bruit pourrait être à l’origine de 3% des décès par maladies cardiaques » explique le Pr François Legent, auteur du rapport. « Par effet de stress, il entraîne des modifications endocriniennes qui ont des répercussions sur le système immunitaire ». Selon l’Académie, ce sont souvent les ménages aux revenus les plus faibles, ceux dont la situation sociale est la plus précaire, qui cumulent les nuisances dues aux bruits de voisinage. Par ailleurs, l’impact économique en est important : surconsommation médicale, retentissement sur la vie professionnelle, dépréciation immobilière…

L’Académie de médecine recommande « d’ajouter une information sur les performances acoustiques des habitats lors des transactions immobilières ». Mais également de sensibiliser les architectes, les entreprises intervenant dans l’habitat, à l’importance de la qualité acoustique des logements. Elle souhaite également la création d’offices du bruit, qui permettraient aux particuliers de voir leurs doléances prises en compte, et de mettre en place des médiations.

Aller plus loin : Lire le rapport de l’Académie nationale de Médecine.

  • Source : Académie nationale de Médecine, 11 juin 2012

Aller à la barre d’outils