Cancers : une nouvelle molécule « double action »

28 août 2012

Des chercheurs français ont identifié une nouvelle molécule dotée de propriétés anticancéreuses mais également anti-métastatiques. Testée in vitro puis chez l’animal, son mécanisme d’action pourrait « à moyen terme » aboutir au développement de nouveaux traitements contre certains cancers.

Une équipe de biologistes et de chimistes français (CNRS, CEA, Institut Curie, INSERM) serait sur la voie d’une nouvelle molécule prometteuse contre certains types de cancers. Et pour cause, elle se montrerait à la fois active sur les cellules résistantes aux chimiothérapies « conventionnelles » et elle empêcherait la formation de métastases.

C’est le résultat d’un travail débuté il y a plus de 10 ans qui est présenté dans la revue scientifique Cancer Research. Pour isoler le Liminib – c’est le nom donné à cette substance – les scientifiques ont fait preuve de patience donc mais aussi de minutie. Ils ont en effet testé près de 30 000 molécules à travers une « plate-forme de criblage à haut débit robotisée (…). Jusqu’à ce que l’une d’entre elles présente l’activité attendue sur les cellules tumorales ». Le Liminib donc.

Issue de la chimiothèque de l’Institut Curie, cette molécule est un inhibiteur de la LIM kinase (LIMK). Cette dernière intervient dans la régulation « de la dynamique du squelette interne de la cellule ». Il s’agit en quelque sorte du centre de commandement qui permet aux cellules de se mouvoir et de se multiplier. « Deux propriétés activement utilisées par les cellules cancéreuses. »

Efficacité et tolérance

A en croire les scientifiques, Liminib fait appel à un mode d’action « nouveau ». Les résultats des premiers essais in vitro apparaissent encourageants. Ils montrent que « cette molécule est toxique sur plusieurs lignées cellulaires cancéreuses, y compris sur des lignées résistantes aux chimiothérapies », expliquent les chercheurs.

Quant aux résultats d’une étude préclinique conduite chez un modèle murin, ils apparaissent également prometteurs. « Ils révèlent non seulement une bonne efficacité mais aussi une bonne tolérance de cette nouvelle molécule. A moyen terme, ces travaux pourraient aboutir, dans un premier temps, au développement de traitements alternatifs pour les patients en impasse thérapeutique », concluent les scientifiques.

Illustration visuel : Liminib stabilise les microtubules. Les microtubules sont des structures filamenteuses. Grâce à des anticorps spécifiques il est possible de les visualiser. Ainsi, dans une même cellule, on peut marquer les microtubules totaux en rouge et les microtubules stabilisés en vert. Contrairement aux cellules contrôles, on observe de nombreux microtubules verts, stabilisés, dans les cellules traitées par Liminib. La barre d’échelle (en blanc, photo en bas à droite) représente 10 µM.

  • Source : Cancer Research, septembre 2012 - CNRS, 28 août 2012

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