Canoë-kayak : la santé à fleur d’eau

11 mai 2011

Sur étang, dans les eaux vives d’une rivière ou d’un torrent, ou bien encore en mer, la pratique du canoë-kayak tient autant du sport que du loisir. Ou plutôt le canoë d’un côté, et le kayak de l’autre. Car il s’agit bien de deux embarcations – et de deux pratiques – différentes. Dans le premier cas, le canoéiste est à genoux et pagaie toujours du même côté. Dans le second, le kayakiste est assis et utilise une pagaie double. Ainsi se propulse-t-il alternativement et successivement à droite et à gauche. Selon le Dr Daniel Koechlin , médecin de la Fédération française de canoë-kayak (FFCK), « c’est donc par simplicité que nous utilisations cette double appellation. Ce dernier nous explique les vertus santé de ces deux activités.

Des muscles et du cœur.

« Si vous pratiquez de façon irrégulière, les courbatures du lendemain vous feront rapidement prendre conscience des muscles sollicités » plaisante le Dr Koechlin. « Plus sérieusement, en kayak, les muscles concernés sont ceux de la ceinture scapulaire (formée par les épaules et les omoplates). Les membres supérieurs sont eux aussi mobilisés: les dorsaux, les pectoraux, les bras, les abdominaux. Et aussi paradoxal que cela puisse paraitre, vous ferez travailler certains muscles de la cuisse, les ischio-jambiers. »

Concernant le canoë, la position à genoux implique l’utilisation des muscles des membres inférieurs : cuisses, et fesses. Un sport complet donc ! Ne négligez donc pas l’échauffement. « Et cela passe aussi par certaines articulations auxquelles nous ne pensons pas forcément : les épaules bien sûr, mais aussi le rachis, dont tous les étages sont concernés : rachis cervical, thoracique et lombaire. Ne négligez pas non plus les coudes, les poignets… »

Cette activité est considérée comme une pratique à haute exigence cardiovasculaire. « La lutte contre les courants (surtout en compétition), contre le vent et le froid ne fait qu’accroitre les besoins énergétiques » poursuit Daniel Koechlin. « Une bonne préparation physique générale est donc plus que souhaitable. »

Une activité pour tous les âges.

– Dès 10 ans, l’enfant sera sensible à la découverte d’un sport de pleine nature, de milieu aquatique… Les notions de sécurité, de responsabilité, de respect de l’environnement sont importantes dès le plus jeune âge ;
– A l’adolescence et à l’âge adulte, les pratiquants tireront bénéfice de l’apprentissage de la vie en collectivité, souvent au sein de clubs formateurs et de loisirs. La variété des compétitions donne aussi un large choix de pratique ;
– Pour les seniors, « il est évident qu’une découverte tardive de l’activité peut être parfois délicate » précise le médecin fédéral. « Mais avec du bon sens et du pragmatisme, le sportif âgé pourra y trouver son compte et son plaisir. Les jours froids, lorsque la pratique est impossible, je conseille simplement de ne pas abandonner l’activité et de la remplacer par de la marche, du vélo… »

Les indispensables à la pratique

Toutes les règles de sécurité visent le même objectif : limiter les risques de noyade, fut-elle par hydrocution ou par épuisement. Il convient en outre de respecter quelques règles… souvent de bon sens :
– Etre en bonne condition physique et surtout avoir envie de pratiquer l’activité. En clair, ne pas y aller à reculons ;
– Une bonne alimentation avant, pendant et après l’effort (en privilégiant les sucres lents) est indispensable, surtout si l’exercice se prolonge ;
– Prévoyez une protection solaire pour votre peau et pour vos yeux. En effet, en plus de l’action directe du soleil, il existe un danger lié à la réverbération ;
– Evitez de pratiquer seul… simple question de bon sens et de sécurité;
– Ne vous surestimez pas. Adaptez le parcours à vos compétences ;
– Et n’oubliez pas : le casque et le gilet de sauvetage ne doivent pas être considérés comme facultatifs…

Quels sont les risques ?

« Le risque le plus évident concerne bien sûr les pratiquants qui ne savent pas nager » continue notre spécialiste. « Et encore, si l’individu n’a pas peur de l’eau, s’il se détend dans l’élément liquide, s’il est très bien accompagné, s’il ne craint pas d’avoir la tête sous l’eau, tout est possible… sur une eau calme sans courant ».

Toutefois, « il est nécessaire d’évoquer un risque bien particulier lié à la pratique d’une activité sur plans d’eaux et en rivières : la leptospirose. Il s’agit d’ une zoonose, c’est-à-dire une maladie transmise à l’homme par un animal. L’infection n’est qu’accidentelle, et peut se produire par contact de la peau ou des muqueuses avec des eaux souillées par les urines d’animaux eux-mêmes infectés. « Tout pratiquant présentant un syndrome fébrile entre le 4ème et le 14ème jour suivant une séance doit prévenir son médecin de son activité. Un syndrome « grippal » dans ces conditions (particulièrement en dehors d’une période d’épidémie) doit faire évoquer ce diagnostic. » Rappelons qu’il est possible de se faire vacciner contre la leptospirose. Cette vaccination est d’ailleurs indispensable pour l’exercice de certaines professions, comme celles d’égoutier ou d’éboueur.

  • Source : Interview de Dr Daniel Koechlin, 8 mai 2011

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