Chauves: sortir de la galère!

13 janvier 2002
Une étude américaine a démontré que la plupart des hommes atteints d’alopécie androgénétique la ressentent comme un stress. Ils sont d’autant plus affectés qu’ils sont jeunes et cette calvitie, la plus fréquente avec 95% des cas, affecte 30% de la population masculine dès 30 ans et 50% à 50 ans. Pourquoi cette contradiction entre le nombre des victimes et celui des personnes qui se soignent? Par la faute d’une offre de soins de qualité inégale. Le candidat au traitement trouve tout et n’importe quoi, du magasin marginal à la pharmacie en passant par les grandes surfaces! Résultat, les Français dépensent des fortunes en produits qui ne sont que des miroirs aux alouettes et 60% abandonnent au bout d’un an… pour passer à autre chose. Depuis quelques années des médicaments évalués avec rigueur sont accessibles. D’abord le minoxidil, un anti-hypertenseur dont les médecins ont découvert les vertus capillaires sous forme d’effet secondaire: il provoque une pousse anormale des cheveux et des poils. Aujourd’hui «recyclé», il est utilisé en applications locales biquotidiennes. C’est contraignant mais le «Vidal», bible des médecins, lui reconnaît «une augmentation du nombre de cheveux non duvet chez 30% à 40% des patients après 6 à 12 mois d’applications». Dosé à 2% il est disponible en pharmacie comme produit conseil et sa forme à 5% est délivrée sur prescription, pour les hommes seulement. Son application doit être évitée chez la femme enceinte, la femme allaitante et les sujets qui ont des problèmes cardiaques ou sont traités pour hypertension artérielle. Son principe actif peut en effet provoquer des baisses de tension. Plus récent, le finasteride dans sa forme à 1 mg par comprimé vient d’arriver en France sous le nom de Propecia®. Il est indiqué dans le traitement de l’alopécie androgénétique chez l’homme aux stades peu évolués. C’est le premier traitement médicamenteux efficace par voie orale s’attaquant à la cause majeure de cette maladie, la 5-a-réductase. Facile à prendre, ce traitement à la dose d’un comprimé par jour soumis à ordonnance médicale est réservé à l’homme. Son efficacité n’a pas été démontrée chez la femme et il ne doit pas être prescrit chez la femme enceinte du fait de son mécanisme d’action. Il doit être utilisé quotidiennement pendant 3 à 6 mois avant les premiers résultats. Ces derniers sont très intéressants: des études en double aveugle contre placebo sur 1.879 hommes de 18 à 41 ans -les premières d’une telle ampleur dans ce domaine -, ont démontré un arrêt de la chute des cheveux chez 86% des hommes traités contre 42% dans le groupe placebo au bout de 12 mois, ces résultats passant à 83% et 28% respectivement à 24 mois. Ces études ont montré une repousse visible chez 48% des hommes traités au bout de 12 mois, puis chez 66% après 24 mois de traitement. Le cheveu devient plus épais, plus pigmenté, avec amélioration de la densité et de l’aspect général de la chevelure. Si vous perdez vos cheveux, vous avez aujourd’hui le choix des traitements et, de la prescription médicamenteuse à la chirurgie, des moyens efficaces et de vraies garanties. Il est significatif que des médicaments issus de la recherche et rigoureusement évalués soient désormais proposés contre cette affection longtemps ignorée des médecins. Il appartient aux hommes d’identifier les causes de leur chute de cheveux avec l’aide de leur dermatologue ou de leur médecin de famille. Les stades de l’alopécie Les différentes alopécies Il y a bien des manières de perdre ses cheveux! La première chose à déterminer, c’est le caractère transitoire ou durable du problème. Parlez-en à votre dermato ou votre médecin de famille après un retour sur vous-même: · Un événement récent peut-il expliquer ce changement? C’est rare (moins de 5% des cas) mais la chute des cheveux peut s’expliquer par un choc affectif, un deuil, un traumatisme physique comme un accident ou une intervention chirurgicale, ou encore professionnel - licenciement, harcèlement, plan social…-. · La chute des cheveux a-t-elle commencé dans les jours ou les semaines suivant le début d’un traitement? Parmi les médicaments qui peuvent entraîner une chute des cheveux, citons les antidépresseurs, anti-inflammatoires, hypocholestérolémiants, anti-hypertenseurs, anticoagulants. Les cheveux cessent de tomber à l’arrêt du traitement ou en changeant de médicament. Inutile de vous lancer dans des soins coûteux et surtout, n’arrêtez pas le traitement! Pour les malades atteints d’un cancer, la radiothérapie et la chimiothérapie sont connues pour faire tomber les cheveux. Ce sont souvent des traitements de longue durée, adressez-vous à une structure qui vous proposera une «chevelure d’appoint» généralement prise en charge par la Sécu sur demande d’entente préalable. Nous reviendrons sur ce sujet prochainement. · La pelade ne recouvre qu’une fraction minime des alopécies. Elle est très facilement reconnaissable: les cheveux s’en vont par plaques et plusieurs zones - y compris sur le corps - sont touchées. Un dermatologue prescrira un traitement adapté. · Le plus souvent - 95% des cas - la perte progressive et anormale des cheveux traduit les premiers signes d’une perte de cheveux de type masculin. Cette maladie appelée alopécie androgénétique frappe essentiellement des hommes. Son mécanisme est hormonal: sous l’action d’une enzyme - la 5-a-réductase - l’hormone mâle testostérone est transformée en dihydrotestostérone (DHT). Celle-ci miniaturise le follicule pileux et réduit la durée de croissance et de vie des cheveux. Le traitement doit donc reposer entre les mains d’un médecin. · Dans tous les cas il est essentiel d’agir rapidement. En ce qui concerne l’alopécie androgénétique dont 7 types ont été définis, il est possible d’obtenir une repousse des cheveux. Celle-ci est d’autant plus prononcée que le patient a été traité dans les deux ou trois premiers stades de la maladie (illustration ci-contre). C’est-à-dire entre 25 et 45 ans dans les cas d’alopécie légère à modérée, avec une «fourchette» idéale de 25 à 35 ans. Un traitement efficace pour une vraie différence! De la poudre de perlimpimpin à la chirurgie, toute la gamme est disponible et vous avez l’embarras du choix. Sur quels critères vous baser? De façon très schématique, voici les pièges à éviter: · Le conseil: Parlez-en à votre dermato, votre médecin de famille ou votre pharmacien. Ce n’est pas évident puisque 15% des personnes préoccupées demandent conseil à leur médecin (3%) ou à leur pharmacien (13%), pourtant qualifiés pour analyser les causes du problème et évaluer les traitements. Coiffeurs et esthéticiennes n’attirent que 8% des hommes, et plus de 55% sollicitent l’avis de leurs proches, collègues et amis. · L’efficacité: n’achetez pas n’importe quoi! Méfiez-vous des lotions et autres shampooings traitants qui peuvent décaper le cuir chevelu au lieu de le «soigner». Ne vous laissez pas intoxiquer par des affirmations sans preuves. Veillez à ce que les «études cliniques» aient duré au moins 12 mois (pour éliminer les biais liés aux saisons) avec un suivi d’au moins 18 mois à 2 ans par la suite et des méthodes d’évaluation objectives comme le comptage de cheveux. Enfin ne croyez pas n’importe quoi. Le mécanisme de l’alopécie androgénétique est d’ordre hormonal et, à moins de disposer d’un gène-médicament modifiant le métabolisme, prétendre qu’un traitement de trois à six mois peut régler le problème «une fois pour toutes», c’est se comporter en marchand d’illusions. · Les différentes formes de traitement: · lotions anti-chutes et vitamines sont à réserver aux alopécies passagères et saisonnières, plus fréquentes chez la femme ; · les traitements médicaux (minoxidil et finasteride) sont recommandés pour les alopécies légères à modérées, les plus fréquentes, surtout au sommet du crâne ; · la chirurgie pour les alopécies sévères et stabilisées de la zone frontale. Pour bien choisir votre traitement: Le cuir chevelu d’un adulte compte en moyenne une centaine de milliers de follicules pileux. Un peu plus chez les blonds, moins chez les roux. Minutieusement étudié, leur cycle de vie comporte trois phases inégales: · La phase anagène correspond au développement du follicule. Elle dure 2 à 5 ans et la chevelure compte environ 80% de cheveux en phase anagène. · La phase catagène est celle où le cheveu arrête de croître. Elle dure entre 3 et 5 semaines et concerne de 1% à 2,5% des cheveux. · Au cours de la phase télogène, la chute des cheveux dure environ 3 mois et concerne de 10% à 20% des cheveux selon les âges de la vie. La durée de ce cycle explique que tout traitement sérieux de l’alopécie androgénétique doit être pris au minimum 3 à 6 mois pour de premiers résultats visibles. Une belle chevelure est dense et fournie. Le nombre de cheveux au cm2 est éminemment variable, passant de 200/cm2 entre 3 et 11 ans à une moyenne de 175 à 300/cm2 après la puberté. Avec l’âge, le cheveu s’affine et devient moins dense: un homme de 54 à 59 ans en aura environ 178/cm2. Après 60 ans, cette densité passe à 161/cm2. Nous perdons de 25 à 60 cheveux par jour en moyenne, et davantage en février-mars et en août-septembre. C’est pourquoi les hommes consultent à ces moments de l’année! Quelques recettes «exotiques» Si vous êtes un adepte des médecines traditionnelles, voici quelques remèdes dont certains nous viennent de la haute antiquité. Efficacité non éprouvée, mais dépaysement garanti: · Du Golfe persique: un mélange à quantités égales de talon de lévrier d’Abyssinie, de fleurs de datte et de sabot d’âne. Faire bouillir dans de l’huile et appliquer (après refroidissement!) ; · D’Afrique noire: un mélange de graisse de lion, d’hippopotame, d’ibis, de serpent, d’oie et de crocodile ; · D’origine inconnue mais certainement laborieux à confectionner, un emplâtre de graisse de ver à bois ; · Le recette des Uhlans de 14-18 , à base de pommade utilisée pour panser les chevaux dans l’armée allemande ; · De la France profonde et coloniale: un mélange de rhum, de moelle osseuse de bœuf et d’huile de bergamote ; · De Hongrie: un emplâtre de raifort, d’huile de graine de moutarde, de zeste d’agrumes et de jaune d’œuf . Pour une fois, les Magyar n’ont pas pensé à utiliser le paprika, pourtant leur épice nationale!
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