Comment le sport influence… nos gènes

12 mars 2012

Selon des chercheurs suédois, le simple fait de se remettre au sport apporterait des bénéfices parfois inattendus. Vous êtes sédentaire et vous vous remettez à bouger, ne serait-ce que quelques dizaines de minutes chaque jour ? Eh bien, cela peut suffire à modifier la manière dont s’expriment vos gènes. Ce constat relève encore de la recherche fondamentale certes, mais voilà qui ouvre d’immenses perspectives.

Juleen Zierath, du Karolinska Institutet de Stockholm, en Suède, est le principal auteur de ce travail. Elle affirme ainsi que « les muscles s’adaptent à ce que nous en faisons. Si nous ne les utilisons pas, ils vont perdre de leur force et inversement ». Près de 300 ans après Jean-Baptiste Lamarck, voici donc qu’avec son équipe elle réinvente en quelque sorte, la théorie transformiste de la nature

Avec son équipe, elle a réalisé des expériences auprès de 14 sujets, tous sédentaires. Après les avoir soumis à une vingtaine de minutes d’exercice physique, elle a observé un changement dans l’expression de leurs gènes ou, en termes plus scientifiques, des modifications d’ordre épigénétique. « Au niveau de l’ADN (de ces sujets, n.d.l.r.) nous avons identifié des modifications chimiques similaires à celles qui ont déjà été décrites durant le développement embryonnaire, et au cours du processus de cancérisation d’une cellule », nous explique le Dr Romain Barres, de l’Université de Copenhague. Pour ce chercheur qui a participé au travail de Juleen Zierath, « ces changements sont comme autant de verrous qui ouvriraient ou interrompraient l’expression de certains gènes, permettant ainsi à nos organes d’avoir leur fonction propre. »

Les deux auteurs conviennent du caractère fondamental de leurs recherches. Leurs perspectives pourtant, apparaissent immenses. « Nous avons trouvé les clés des portes de l’expression de nos gènes. Nous avons donc identifié d’éventuelles cibles thérapeutiques pour mimer l’effet de l’exercice physique », indique Romain Barres. « Nous en sommes encore au stade de la science-fiction, mais à l’avenir nous pourrions imaginer mettre au point des traitements qui permettraient de faire en sorte que des patients alités par exemple, puissent bénéficier des effets favorables du sport ».

  • Source : Cell Metabolism, 6 mars 2012 ; Interview du Dr Romain Barres, 9 mars 2012

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