Débat : Le matérialisme, fléau du XXIème siècle ?

18 février 2004

Le capitalisme exalte l’acquisition de bien matériels au détriment des valeurs humaines. Il est source de troubles psychologiques. Et pourtant les professionnels de la santé ne s’en soucient guère, dénonce un groupe de psychologues américains.

Allen Kanner, psychothérapeute à San Francisco et Tim Kasser, professeur de psychologie au Collège Knox de Galesburg, dans l’Illinois, accusent la société moderne de perpétrer le mal-être en incitant à consommer toujours plus. ” Le bonheur n’est pas une question de richesses ni de possessions. Pour être bien, l’homme a besoin de se sentir libre, autonome, en sécurité, en bonne santé, et aimé “, écrit Kasser.

Ceux qui misent tout sur la réussite financière et professionnelle ne sont jamais satisfaits. Dépressifs et anxieux, ils ont davantage de problèmes avec l’alcool et le tabac. Les professionnels de la psychologie n’ont-ils rien vu venir ? Pire, ” ils ont directement participé à la mise en place de la pensée matérialiste, regrette Tim Kasser. ” Les thérapies comportementales et les approches cognitives, aujourd’hui employées par la majorité d’entre eux, n’ont qu’un seul objectif : aider les gens à s’adapter à la société, en fonction des critères de bien-être qu’elle impose “.

Par ailleurs, ” aux Etats-Unis la moindre critique du capitalisme relève du tabou “, ajoute Allen Kanner. “ Les psychologues n’ont jamais osé remettre en cause la société. Ils cantonnent leur travail au niveau de l’individu. Les enfants, par exemple: s’ils ont des problèmes comportementaux, s’ils sont violents, les psychologues se focalisent sur leurs relations avec les autres membres de la famille. Sans prêter attention aux effets pervers des spots publicitaires. Or tous les experts savent que les publicités télévisées provoquent convoitise et de débordements “.

Evidemment, les deux psychologues ne font pas l’unanimité dans la profession… Certains de leurs confrères les taxent de simplisme. Reste que ce regard nouveau aura eu le mérite de lancer un débat, qui peut-être fera évoluer les mentalités.

  • Source : The Lancet, vol 363, p 296

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