Dépression : mieux traiter, pour éviter la récidive

16 juillet 2009

Près de 9 millions de personnes en France, ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur existence. C’est dire l’importance du problème. Or l’expérience montre que dans 50% des cas, le risque de récidive est élevé. Le patient dépressif doit donc être pris en charge précocement et… selon des règles bien définies.

Pourquoi un tel risque de récidive ? Les causes de la dépression restent obscures. « Il existe différents facteurs de risque, des facteurs génétiques et d’autres liés à la personnalité, à l’histoire du malade » explique le Dr Christian Spadone, psychiatre au CHU Saint-Louis de Paris. « Nous savons aujourd’hui que tout épisode dépressif laisse une cicatrice biologique » qui rend en quelque sorte le patient plus vulnérable. Et si la dépression récidive, alors cette vulnérabilité augmente encore.

Traiter avec sérieux et… ponctualité. Si après une première dépression le risque de récidive est de l’ordre de 50%, il passe à 70%-80% après un second épisode et… 90% après un troisième! Pour Christian Spadone cependant, « cette vulnérabilité acquise n’est pas une fatalité. Les patients sous traitement psychologique ou médicamenteux ont un risque bien moindre de récidive ». Or si la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande une durée de traitement comprise entre 6 et 8 mois, cette recommandation paraît peu suivie dans les faits. Sans oublier – et c’est là un risque majeur ! – que « de nombreux patients choisissent d’eux-mêmes de suspendre leur thérapie ».

« Les dépressions légères à modérées ne nécessitent pas d’être prises en charge d’emblée par un traitement médicamenteux » insiste notre spécialiste. « Une psychothérapie seule, suffit souvent, à traiter le problème. » Pour les formes sévères en revanche, la stratégie est toute autre car alors, « sans traitement médicamenteux il y a peu de chances que la maladie s’infléchisse d’elle-même. »

Quel professionnel de santé choisir ? « En premier recours, le patient doit consulter son médecin traitant. C’est lui qui décidera de l’adresser à un psychiatre ou un psychothérapeute. Mais de manière générale, il peut prendre en charge la majorité des épisodes dépressifs légers à modérés. » Pour les cas les plus sévères, Christian Spadone estime en revanche, qu’un psychiatre sera plus à même de suivre le patient.

La dépression, un déni persistant. « Nous avons encore du mal dans notre société, à accepter la dépression comme une vraie maladie. D’ailleurs une des réactions les plus fréquentes des patients est de souligner qu’ils ne sont pas fous. » Même si c’est l’évidence, cette réaction d’auto-défense illustre bien l’irrationnel qui s’instaure dès que l’on touche à la psychologie. Grand connaisseur de la chose et instruit d’expérience, Christian Spadone souligne ainsi, que « dès l’instant où l’on est confronté à un trouble psychologique, on entre dans le registre de la folie ».

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