Grippe (A) H1N1 : l’OMS répond à ses accusateurs

11 juin 2010

Le 4 juin, le British Medical Journal (BMJ) et l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) publiaient des rapports pour le moins critiques sur la gestion de la pandémie grippale (A) H1N1 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Cette dernière a pris très au sérieux les questions soulevées. Et sur plusieurs points précis, elle entend aujourd’hui « rétablir les faits ».

L’OMS rappelle en premier lieu, qu’il s’agissait bel et bien d’une « pandémie réelle ». Les arguments qu’elle produit à l’appui de sa réponse, sont légion: « presque tous les pays du monde ont été touchés, l’analyse des échantillons de laboratoire a montré que cette nouvelle forme de virus n’avait jamais circulé chez l’Homme ; le modèle de la maladie et la mortalité liées à la grippe (A) H1N1 différaient de façon saisissante de ceux observés au cours de la grippe saisonnière ; le nouveau virus a touché des groupes d’âge plus jeunes… » La liste est longue.

Lorsque le 11 juin 2009 la directrice générale de l’OMS Margaret Chan, a déclaré l’état de pandémie, elle a également fait savoir qu’à son avis celle-ci serait modérée. Elle a surtout noté que les virus grippaux sont(généralement) instables, et sujets à des mutations à la fois importantes et rapides. « Cette incertitude nous a convaincu, ainsi que de nombreuses autorités sanitaires nationales, à pécher par excès de prudence. » explique-t-on à l’OMS.

A la question de savoir si certaines décisions prises par l’OMS auraient pu l’être pour favoriser de grands groupes pharmaceutiques, la réponse est ferme : « Il s’agit là d’allégations. Aucune preuve d’actes répréhensibles n’a émergé des récentes enquêtes »…

Quant aux conflits d’intérêts, l’OMS reconnait que de nombreux experts parmi ceux qui la conseillent sont en relation avec l’industrie pharmaceutique. Ces derniers vont de consultations rémunérées à l’animation de conférences parrainées par cette dernière. Elle insiste néanmoins, sur le fait que pour se protéger de ces conflits d’intérêt, elle « exige de ses experts la déclaration d’éventuels intérêts professionnels. Ces intérêts sont évalués et si besoin, des mesures appropriées sont prises… »

Si tout est transparent, pourquoi demandent tous les observateurs, avoir tenu secrets les noms des membres du Comité d’urgence ? « Tout simplement parce que notre expérience de l’épidémie du SRAS a démontré que les perturbations économiques et sociales causées par une urgence de santé publique pourraient conduire nos experts à subir des pressions. Ce qui aurait pu compromettre leur objectivité. » Sachant que dans toutes les démocraties la composition des comités d’experts et autres commissions est en règle publique, l’OMS pourtant ne disconvient pas que sa décision ait favorisé les soupçons de connivences commerciales.

Si par certains de ses aspects cette réponse revêt une forme de mea culpa – peut-être pour calmer les esprits ? – l’Organisation ne semble pas décidée pour autant à reconsidérer ses positions sur ce dernier point. Dans une récente lettre ouverte au BMJ en effet, Margaret Chan affirmait hautement sa détermination à maintenir ce cap « jusqu’à ce que (le Comité) ait terminé son travail ».

  • Source : Organisation mondiale de la Santé, 10 juin 2010

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