Hépatite C : saisir les meilleures chances de guérison

19 mars 2004

Aujourd’hui, le traitement de l’hépatite C permet de guérir deux malades sur trois. Quelle victoire par rapport au VIH ou même l’hépatite B ! Mais le traitement, long et à hautes doses, est générateur d’effets secondaires. Quelques conseils pratiques.

Il y a dans le monde 150 millions de personnes infectées par le virus de l’hépatite C. En France, 600 000 patients sont concernés. Certains ” hébergent ” le germe toute leur vie, sans jamais avoir de symptômes graves. D’autres assez rapidement voient leur état compliqué d’une cirrhose, qui plus tard peut se transformer en cancer du foie.

Il est essentiel de rechercher l’infection par un dépistage ciblé. Car il existe un traitement, qui permet réellement de guérir la maladie. Un traitement ” d’autant plus efficace qu’il est prescrit tôt “, a rappelé le Pr Thierry Poynard, (CHU Pitié-Salpêtrière de Paris), devant les participants au 32ème Medec. Seul hic ! Le traitement, basé sur l’association d’interféron et de ribavirine, est difficile à supporter. Perte de cheveux, fatigue, dépression, amaigrissement, douleurs musculaires… sont le lot de nombreux patients. Au point que 10% d’entre eux finissent par tout arrêter. Il vont même dissuader par leur expérience, les patients contaminés mais asymptomatiques de commencer une thérapie.

Or ces effets secondaires s’ils sont fréquents, ne sont pas inéluctables. ” Ils peuvent être gérés moyennant quelques trucs et astuces “, prévient le Dr Pascal Mélin, médecin au Centre hospitalier Général de Saint-Dizier dans l’Est de la France. La dépression, tout d’abord : ” Elle doit être dépistée le plus tôt possible, et traitée par antidépresseurs s’il le faut, en recourant de préférence à des médicaments qui ouvrent l’appétit ” plutôt qu’à certains antidépresseurs récents, qui ont tendance à faire maigrir les patients. Car le malade atteint d’hépatite C a besoin qu’on l’aide à lutter contre l’amaigrissement naturel lié à la maladie.

Ainsi, tout malade qui perd plus de 10% de son poids, ” doit se voir recommander de fractionner ses repas et la prise de compléments nutritionnels. ” La chute des cheveux maintenant. ” Pour les femmes, l’affaire peut tourner au drame. En pratique je leur conseille de se faire couper et teindre les cheveux avant de commencer leur thérapie. ” Contre la fatigue, qui affecte plus de la moitié des patients traités, ” il faut apprendre au malade à la gérer, à faire des siestes, à utiliser des somnifères pour avoir un sommeil récupérateur “.

Enfin, les douleurs musculaires. Elles sont fréquentes également, et ne doivent pas être prises à la légère. ” Le recours à des médicaments myorelaxants – qui provoquent un relâchement musculaire, n.d.l.r. – peut être envisagé. Ainsi que des massages par le patient lui-même, ou un kinésithérapeute. Ou mieux encore par le conjoint. L’entourage joue en effet un rôle clé pour tenir la distance. ” C’est vrai. Considéré ainsi, ce type de traitement ressemble à un défi. Mais ça marche. Et manifestement, le jeu en vaut vraiment la chandelle !

  • Source : de nos envoyés spéciaux au Medec, Paris, 16-19 mars 2004

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