Hystérie : une névrose encore mystérieuse

10 mai 2011

L’hystérie est définie par le Petit Robert, comme « un ensemble de symptômes surtout neurologiques, prenant l’apparence d’affections organiques, sans lésion décelable ». Pendant longtemps, l’hystérie a fait peser sur les femmes qui en étaient atteintes – la maladie était réputée ne concerner que les femmes… – le soupçon de simuler les crises de hurlements et de délires qu’elles traversaient. Cette maladie du « sexe faible » en somme, en relation directe avec la sexualité et la séduction, n’acquit vraiment droit de reconnaissance qu’à la fin du XIXè siècle, grâce à Jean-Baptiste Charcot. Dans L’hystérie, sous le voile de la séduction, la psychologue Emmanuelle Comtesse lève en partie le mystère qui entoure ce syndrome complexe et multiple.

Liée à un conflit ancien, souvent un traumatisme dans l’enfance, l’hystérie est une affection psychiatrique caractérisée par des troubles du comportement. Ces derniers sont nombreux et variables selon les individus. Ces symptômes peuvent aller de paralysies fonctionnelles jusqu’à des troubles sensitifs, en passant par le somnambulisme ou le développement d’une personnalité plurielle. Emmanuelle Comtesse donne ainsi une description clinique de l’hystérie, puis énumère et commente les différents symptômes pouvant intervenir dans son développement.

Ces derniers peuvent également inclure des comportements de donjuanisme ou au contraire, une frigidité. Et si cette névrose concerne en principe une majorité de femmes – son étymologie vient du latin hystericus qui signifie utérus, certains hommes seraient également sujets à ces symptômes. Tous en lien avec une sexualité déséquilibrée, et non-épanouie.

Mais les symptômes ne se cantonnent pas à la sphère de la sexualité. Lors de ses crises, un patient hystérique pourra être sujet à des convulsions, des accès de paralysie, des douleurs, pouvant aller jusqu’au délire, à l’angoisse, à la mythomanie. Et pour contredire l’image de l’hystérie décrite comme un accès de folie délirante, Emmanuelle Comtesse décrit au contraire sa victime comme « un être de peur, inhibé, pétri d’angoisses et de contradictions, empêtré dans un conflit psychique qui entrave son épanouissement personnel ». Elle donne enfin l’image d’un «feu d’artifice » à l’extérieur, cachant un « noyau de tristesse » à l’intérieur. Car en réalité, l’hystérique vit dans l’impossibilité de s’épanouir.
L’hystérie, sous le voile de la séduction d’Emmanuelle Comtesse, Grancher, 280 pages, 18 euros.

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