Insomnie : un traitement efficace, c’est d’abord un traitement sans dépendance

11 mai 2009

En France, souffrir d’insomnie est trop souvent synonyme de benzodiazépines (BZD). Pourquoi en France ? Parce que notre pays en est le plus gros consommateur mondial.

Les Français se ruent littéralement sur ces hypnotiques: trois millions d’entre-nous y ont recours quotidiennement, ce qui est 5 à 10 fois plus que nos voisins européens ! Or l’utilisation à long terme de ces médicaments est très problématique, notamment à cause du risque important d’addiction qu’elle entraîne.

Il n’est donc pas étonnant qu’on leur cherche des alternatives… D’autres solutions sont disponibles. Mais pour quels effets secondaires, et pour quelle efficacité ? Petit tour d’horizon du « marché » de l’insomnie.

La phytothérapie et l’homéopathie. Il existe tout un arsenal de produits plus ou moins légers qui « aident » à dormir. Tilleul, mélisse, oranger, verveine, valériane… pour une insomnie passagère, la phytothérapie est en effet un recours possible, à moindre risque. L’efficacité de ces plantes cependant, n’a jamais été prouvée scientifiquement. « Un simple effet placebo n’est ni à écarter ni à dédaigner » précise la Haute autorité de Santé (HAS) dans ses Recommandations pour la pratique clinique. Idem pour l’homéopathie. Tous ces produits en fait, souffrent d’un manque chronique d’évaluation.

Les hypnotiques. Les benzodiazépines et apparentés sont des traitements lourds. Ce sont des médicaments qui ont des propriétés hypnotiques (pour provoquer le sommeil), anxiolytiques (pour lever l’angoisse) et anti-épileptiques (pour diminuer l’excitabilité nerveuse)… Ces produits, qui dominent sans conteste le « marché de l’insomnie », sont utilisés pour soulager l’anxiété et l’insomnie sévère. « A court terme » insiste la HAS dans ses recommandations. Car s’ils sont particulièrement efficaces pour nous endormir, les « benzo » comme on les appelle, ont de nombreux inconvénients : accoutumance et dépendance, dépression respiratoire, troubles de la mémoire, somnolence diurne, chutes…

En fait, les benzodiazépines agissent sur la quantité de notre sommeil. Mais pas sur sa qualité. Et comme les risques d’addiction sont très importants, la HAS en a limité drastiquement l’usage. « La durée maximale (de traitement) ne doit pas dépasser 4 semaines et leur prescription est réservée aux troubles sévères et passagers du sommeil. Et quel que soit l’hypnotique choisi, la plus faible dose efficace, individuelle, doit être recherchée ».

Entre des remèdes de bonne femme à l’efficacité aléatoire et des produits dont les risques sont très réels, l’utilisation de la mélatonine, à doses filées tout au long de la nuit, suscite beaucoup d’intérêt. Grâce à une formule dite « à libération prolongée » (LP), il devient possible d’administrer une dose plus réduite du médicament, tout au long de la nuit.

La mélatonine n’est ni un hypnotique, ni un anxiolytique ni un produit de phytothérapie. « Il s’agit d’une neuro-hormone que nous produisons naturellement et qui joue un rôle fondamental pour notre horloge biologique » explique le Dr Agnès Brion, psychiatre et somnologue à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Disponible en pharmacie et uniquement sur prescription médicale, la mélatonine LP est indiquée dans la prise en charge de l’insomnie chez les plus de 55 ans. Car c’est à partir de cet âge que la production de mélatonine diminue. Elle apporte un sommeil profond et plus réparateur, permet de faire disparaître les épisodes de somnolence diurne, n’entraîne pas de dépendance et donc, pas non plus de syndrome de sevrage.

Souvent présentée comme « l’hormone du sommeil », elle apporte un progrès réel : le réveil est de meilleure qualité et comme il n’y a pas de somnolence dans la journée, le risque de chutes et de fractures est très réduit. Particulièrement appréciable chez les sujets âgés.

Enfin quel que soit le choix vers lequel vous guidera votre médecin, évitez absolument d’associer plusieurs médicaments psychotropes. Et n’oubliez pas que la solution à une insomnie n’est pas uniquement dans les médicaments. L’hygiène de vie aussi, est essentielle ! C’est pourquoi vous devez toujours en parler à votre médecin.

  • Source : Haute autorité de Santé, décembre 2008 ; interview du Dr Agnès Brion, psychiatre et somnologue à l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, 9 février 2009 ; Institut national du Sommeil et de la Vigilance, mars 2009 ; ministère de la Santé et des Sports, mars 2009

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