L’urine, c’est le thermostat du moustique !

13 janvier 2012

A chaque fois qu’ils piquent, les moustiques voient la température de leur corps augmenter subitement, au point de les exposer à une mortelle hyperthermie. C’est normal, ils viennent de se nourrir de sang tout chaud ! Pour expliquer comment ces insectes survivent à ce phénomène, des chercheurs du CNRS et de l’Université François Rabelais à Tours, ont observé des anophèles en pleine action. Et ils ont fait une sacrée découverte…

Pour éviter le choc thermique lié à la consommation du sang de mammifères ou d’oiseaux, le moustique anophèle… urine. Plus précisément, l’animal excrète une goutte du sang tout juste ingéré, après l’avoir mêlé à une goutte d’urine. C’est cela qui lui permet d’échapper à un stress thermique potentiellement mortel..

Grâce à une caméra infrarouge, Claudio Lazzari et Chloé Lahondère ont analysé en temps réel, les changements de température des moustiques pendant leurs repas de sang. L’insecte se pose sur sa victime pour la piquer, tout en maintenant relevée l’extrémité postérieure de son corps. Ainsi, au moment où il absorbe le sang qui le nourrit, la goutte excrétée par son anus – oui, le moustique présente une anatomie particulière et urine… par l’anus – reste en contact avec sa peau. Le sang mêlé à l’urine s’évapore et refroidit. Résultat, l’abdomen de l’insecte bénéficie de cette baisse de température et régule ainsi, sa propre température.

Utile à la lutte contre le paludisme ?

Cette découverte pourrait avoir des implications dans la lutte contre certaines maladies infectieuses comme le paludisme. « Si l’élimination rapide d’urine pendant un repas de sang était empêchée, non seulement le bilan hydrique du moustique serait perturbé, mais aussi sa capacité à limiter les variations de sa température corporelle », soulignent les auteurs.

Des recherches complémentaires seront toutefois nécessaires pour envisager d’exploiter ce type de perturbation physiologique. En attendant, seules les mesures de prévention permettent de limiter la transmission du Plasmodium falciparum, le parasite responsable de la transmission du paludisme.

  • Source : CNRS, Université François Rabelais de Tours, 10 janvier 2012

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