La chasse aux pets ? Mission impossible…

23 août 2011

Qu’on les appelle des flatulences, des gaz ou tout simplement des pets, nos « petits prouts » sont omniprésents. Au fait, d’où viennent-ils au juste ? Non pas au plan anatomique bien sûr, mais biologique…

Les gaz émis « per rectum » sont en fait, la résultante de trois phénomènes différents, et associés :

– D’abord, la fermentation des aliments dans le gros côlon. Les bactéries contenues dans le tube digestif s’attaquent aux résidus des aliments et les dégradent. Elles produisent ainsi de l’hydrogène et du méthane. C’est d’ailleurs ce dernier qui permet aux curieux « d’allumer » des pets ! Notre alimentation joue naturellement sur notre production gazeuse. Le riz par exemple, génère beaucoup moins de gaz que le pain, les pâtes, le chou et bien sûr, les ineffables flageolets ;

l’air que nous déglutissons en buvant, en mangeant ou simplement en avalant notre salive. Il est en partie absorbé dans l’estomac, mais pas entièrement. Voilà pourquoi nos pets contiennent aussi de l’oxygène, et pourquoi même quand nous ne mangeons pas, nous continuons de péter !

la chimie aussi joue un rôle : l’acide chlorhydrique produit par notre estomac pour la digestion est ensuite neutralisé par des bicarbonates. Il se forme ainsi du dioxyde de carbone (CO2) que nous produisons en quantités. Pas moins de 20 litres par jour ! Heureusement pour nos proches, la majeure partie de ce CO2 est absorbée par la muqueuse gastrique.

Combien ?

Des personnes compétentes ayant comptabilisé leurs pets, il semble que la moyenne tourne autour de 14 par jour, ce qui correspond à un peu moins d’un litre de gaz. Mais on peut en faire beaucoup plus ou beaucoup moins, sans que cela traduise nécessairement l’existence d’une maladie. Seule inquiétude, « si l’on ressent des douleurs intestinales, que l’on ne va pas à la selle et que l’on ne pète pas du tout non plus, cela peut signaler une occlusion intestinale » précise le Pr Marc-André Bigard, gastro-entérologue au CHU de Nancy. « Les gens qui n’ont pas du tout de gaz n’existent pas, ils ont juste appris à se retenir suffisamment pour ne péter qu’en allant à la selle. » Ce qui ne risque pas de poser de problème de santé, seulement d’entraîner un inconfort.

Un peu plus, un peu moins ?

« Certains médicaments ont des effets sur les gaz » poursuit le Pr Bigard. « C’est le cas d’Alli, qui en plus d’entraîner une mauvaise digestion des graisses augmente notre production de gaz. Ou encore de l’acarbose, parfois utilisée en traitement du diabète. Les antibiotiques, qui altèrent notre flore intestinale, peuvent, selon les personnes, faire plus ou moins péter que d’habitude. En revanche, il n’existe pas de médicament efficace pour empêcher les pets : même le charbon, toujours cité en exemple, ne fonctionne pas. »

Les personnes angoissées qui avalent plus souvent leur salive avalent aussi davantage d’air. Elles ont donc tendance à péter plus que les autres. L’activité physique ne fait pas péter davantage, mais elle accélère le transit. Il est aussi plus difficile de se retenir en faisant son jogging ou en jouant au tennis, ce qui explique certaines fuites qui surviennent pendant le sport… Enfin, la montée en altitude dilate les gaz, quels qu’ils soient. Les relais de montagne qui accueillent les randonneurs sont parfois le lieu de concerts, qui ne resteront pas forcément dans les annales…

Odeurs…

Les odeurs qui accompagnent tous ces pets dépendent principalement du régime alimentaire de « l’émetteur ». Les régimes riches en protéines sont pourvoyeurs des gaz les plus odorants. « L’oxygène, l’azote, le dioxyde de carbone, l’hydrogène et le méthane constituent 99% de nos pets, mais n’ont pas d’odeur » précise le Pr Bigard. Ce sont les dérivés soufrés qui sont responsables des senteurs pas toujours fugaces de nos prouts et des brusques descentes de vitres dans les voitures qui nous ramènent de vacances…

  • Source : interview du Pr Marc-André Bigard, 18 août 2011.

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