Le Rwanda, en pointe contre la mortalité infantile

05 décembre 2011

Le petit Rodrigue, 3 mois, hurle à pleins poumons. Et pour cause, une infirmière vient de lui injecter une dose de vaccin contre le pneumocoque dans la cuisse gauche, et une autre de vaccin pentavalent dans la cuisse droite. Le pentavalent à lui tout seul, va le protéger contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B et l’Haemophilus influenzae de type b. Comme une trentaine d’autres petits Rwandais, sa maman l’a amené le jour même au centre de soins de Musha. Situé à une soixantaine de kilomètres à l’est de la capitale Kigali, c’est l’un des 350 centres mis en place par ce petit état africain de 10 millions d’habitants, enclavé dans la région des Grands Lacs.

« Nous recevons environ 60 enfants chaque mois » estime Prosper Mahinga, infirmier à Musha. Les centres font partie du système de santé publique mis en place par le gouvernement rwandais, et des agents de santé y organisent la vaccination des petits jusqu’à 5 ans. Mais pas seulement. « Nous avons une maternité, une pharmacie, un laboratoire. Nous pouvons également prendre en charge les malades du VIH/SIDA », nous précise Prosper. Chaque mardi et chaque jeudi, les mères peuvent venir faire vacciner leurs enfants. Grâce à une feuille de vaccination remise à la naissance de leur petit, elles connaissent précisément le programme à suivre.

Piqûres utiles

« Je viens pour que mon enfant ne meure pas. C’est pour cela que nous sommes toutes ici. », nous explique Christine. Cette maman de 48 ans a déjà 5 enfants, et elle vient d’amener son petit dernier, deux jours tout juste ! Calé dans les bras de sa mère, sous une couverture, il dort paisiblement. Christine attend, comme la soixantaine de mères assises sur les bancs d’une salle aux airs de classe. Toutes portent de magnifiques tissus colorés et affichent des visages jeunes pour la plupart. Comme Delphine, 20 ans et déjà 3 enfants. Elle aussi vient pour protéger son petit des maladies.

Josiane à 23 ans, suit scrupuleusement les recommandations vaccinales pour ses deux enfants. Elle se lève et s’approche de la chaise installée près du bureau, au fond de la salle. C’est son tour. Elle s’installe et écarte son châle pour que l’infirmière verse le vaccin contre la polio dans la bouche de Nelly, deux mois. La grimace de la petite ne laisse planer aucun doute : la potion n’a pas bon goût. Mais l’épreuve principale reste à venir : les piqûres sont douloureuses pour ses petites cuisses. Des douleurs sans lendemain pour une protection de taille contre des maladies mortelles comme la pneumonie ou les diarrhées.

Pays pionnier pour l’immunisation

« Nous sommes fiers que nos enfants soient vaccinés contre les tueurs (les maladies n.d.l.r.) », se félicite la ministre de la Santé du Rwanda, Agnès Binagwaho. Plus de 97% des enfants de moins de 5 ans sont en effet vaccinés selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

En avril 2009, le Rwanda est également devenu le premier pays éligible à la mise en place d’une politique d’immunisation contre le pneumocoque de tous les enfants de moins d’un an. Celle-ci s’est faite dans le cadre de l’Advance Market Commitment (AMC) promu par l’Alliance globale pour les vaccinations (GAVI). Depuis mars 2010, le laboratoire Pfizer s’est ainsi engagé à produire 300 millions de doses du vaccin anti-pneumococcique Prevenar 13, à faible coût pour les pays en développement choisis par le GAVI. En avril 2009, l’entreprise américaine avait par ailleurs fait don de 3,1 millions de doses de ce vaccin au Rwanda.

Et les résultats s’ils ne sont pas encore quantifiables, sont apparemment bien là. Agnès Binagwaho espère d’ailleurs que son pays atteindra tous les Objectifs du Millénaire pour le Développement d’ici 2015. Et notamment le 4e qui vise à réduire des deux-tiers la mortalité infantile. Et le Rwanda est un des seuls Etats africains sur la bonne voie en cette matière. Dans le pays des mille collines comme on l’appelle, la mortalité infantile est passée de 103 décès pour 1 000 naissances en 1991, à 59 pour 1 000 en 2010.

  • Source : De notre envoyée spéciale à Kigali, Rwanda, du 14 au 17 novembre 2011 ; OMS, UNICEF, 2011 ; ONUSIDA, 2011

Aller à la barre d’outils