Le cannabis pendant la grossesse, c’est pas cool !

14 décembre 2009

Les risques liés à la consommation d’alcool et/ou de tabac pendant la grossesse sont notoirement connus. Pas ceux inhérents au cannabis. Cette substance pourtant n’est pas inoffensive pour le fœtus, tant s’en faut !

La consommation de cannabis chez les femmes enceintes est mal connue en France. Aux Etats-Unis, 10% à 30% des futures mères seraient concernées. En Ecosse elles seraient 15% dans ce cas. En France, sur 300 femmes ayant accouché au CHU de Nantes, 12% en fumaient avant leur grossesse, et 3% ont continué pendant. « Cette consommation est trop souvent banalisée par les futures mamans et par les professionnels » regrette Laëtitia Ferronière, addictologue à la Polyclinique de l’Atlantique, à Nantes.

Les dangers sont pourtant bien réels ! Comme le tabac, le cannabis fumé nuit à l’oxygénation du fœtus, par intoxication au monoxyde de carbone. « Et le THC (le principal composé psychoactif du cannabis, n.d.l.r.) franchit aisément la barrière placentaire pour se fixer sur son cerveau. » Sachant qu’un « joint » contient aujourd’hui de 6% à 20% de THC contre seulement 1% à 3% dans les années 60 à 70, on mesure le péril…

Des effets pendant et après la grossesse

Sa consommation entraînerait un vieillissement prématuré du placenta et un retard de croissance du fœtus. A la naissance, le nourrisson peut aussi présenter un syndrome de sevrage pendant un mois. Celui-ci se traduira par des tremblements, une agitation et des pleurs inconsolables, des troubles du sommeil ou de l’appétit…

Plus tard et jusqu’à l’âge adulte, des troubles cognitifs peuvent être observés : altérations de la mémoire immédiate, des capacités d’abstraction, hyperactivité… Il est également prouvé que le risque d’usage voire de dépendance au cannabis peut être augmenté. « Le cannabis est délétère pour le développement cérébral du fœtus. En fumer pendant la grossesse, c’est hypothéquer le devenir intellectuel de l’enfant » s’alarme Laëtitia Ferronière. D’autant plus que l’usage du cannabis se fait souvent dans le cadre d’une poly-consommation. L’association avec l’alcool, le tabac ou d’autres drogues augmente les risques.

A l’arrêt du cannabis, le THC est progressivement éliminé par voie rénale et intestinale. Il disparaît en 4 semaines et l’arrêt avant la grossesse est conseillé, si possible avec l’implication du conjoint… Pour vous faire aider, appelez Ecoute cannabis au 0811 91 20 20 (Numéro Azur, coût d’une communication locale depuis un poste fixe, 7j/7, 8h-20h). Vous pouvez aussi contacter le service de tabacologie ou d’addictologie de l’hôpital le plus proche.

  • Source : Interview Laëtitia Ferronière, 16 novembre 2009

Aller à la barre d’outils