Le tabac, la pilule et le coeur des femmes

08 mars 2011

En cette journée internationale de la femme, la Société européenne de Cardiologie s’inquiète de la prise en charge cardiovasculaire de la population féminine. Elle demande à la communauté médicale de se mobiliser, car aujourd’hui les maladies cardiovasculaires sont devenues la première cause de mortalité chez les Européennes. Les explications du Dr Jacques Mansourati, cardiologue au CHU de Brest.

« La prise en charge des maladies cardiovasculaire est moins bonne chez les femmes que chez les hommes. A tort, les médecins considèrent qu’elles sont à moindre risque. Or nous savons aujourd’hui que ce n’est plus le cas ».

Tabac-pilule, un cocktail explosif

Selon la Société européenne de Cardiologie, « la prévalence des infarctus du myocarde chez les femmes de 35 à 54 ans a considérablement augmenté ces deux dernières décennies». La raison de cette évolution est assez bien connue. L’association tabac-pilule notamment, constitue un cocktail explosif qui multiplie par dix le risque d’infarctus. « Il est formellement contre-indiqué d’associer les deux. Les médecins doivent impérativement conseiller les jeunes femmes, les informer. Elles doivent savoir qu’elles courent un risque démesuré de maladies cardiovasculaires. Et ce d’autant plus qu’elles fument de plus en plus tôt et prennent la pilule de manière précoce ».

Le tabagisme féminin progresse en effet de manière exponentielle. En 1980, à peine une femme de plus de 15 ans sur six fumait. Elles sont aujourd’hui près d’une sur quatre ! Pour le Dr Mansourati, les médecins prescripteurs de pilule devraient toujours s’assurer du statut tabagique de leurs jeunes patientes. « S’ils prescrivent une pilule, ils doivent mesurer la tension de leurs patientes avant et après la prescription et demander également, un bilan lipidique ».

Et sans surprise, la mortalité cardiovasculaire féminine s’explique également par le vieillissement de la population. « L’allongement de l’espérance de vie chez les femmes a fortement contribué à l’augmentation du nombre de décès d’origine cardiovasculaire », explique le Dr Jacques Mansourati.

A la ménopause, prenez votre cœur en mains

Avec l’âge en effet, le niveau de risque cardiovasculaire des femmes rejoint celui des hommes. C’est particulièrement vrai après 65 ans, la ménopause étant un facteur de risque à part entière. Aujourd’hui en France, une femme de plus de 65 ans sur deux meurt d’une maladie cardiovasculaire. C’est même leur première cause de mortalité bien avant les cancers. Tabagisme, sédentarité, obésité, excès de cholestérol et stress jouent un rôle certain. Mais ils ne sont pas seuls. La ménopause contribue également à cette surmortalité: protégées par les oestrogènes, les femmes voient leur niveau de risque cardiovasculaire augmenter avec l’arrêt de la sécrétion hormonale lié à la ménopause.

« Nous devons impérativement prendre en compte tous ces facteurs de risque propres à la population féminine, proposer des examens de dépistage. La communauté médicale est en train de prendre conscience du fléau des maladies cardiovasculaires chez les femmes, mais c’est très progressif », conclut le Dr Mansourati.

  • Source : Interview du Dr Jacques Mansourati, 7 mars 2001 – Société européenne de Cardiologie, 7 mars 2011 – Fédération française de Cardiologie, site consulté le 7 mars 2011

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