Le vaccin anti-coke pour bientôt

07 janvier 2011

Le propre de l’addiction, c’est qu’il est extrêmement difficile de s’en affranchir… et quasiment impossible de la prévenir. Des chercheurs new yorkais viennent d’accomplir un grand pas pour libérer les toxicomanes de leur dépendance.

Ils ont en effet développé un candidat-vaccin thérapeutique, expérimental et qu’ils n’ont utilisé pour le moment, que … sur des souris. Sous l’effet de ce candidat-vaccin, le système immunitaire des rongeurs s’attache aux molécules de cocaïne et les séquestre littéralement, avant même qu’elles n’atteignent le cerveau. Le « mécanisme de récompense » qui génère l’addiction n’a par conséquent pas le temps de s’exercer, et les effets de la drogue sont annihilés.

« Le système immunitaire humain ne reconnait pas naturellement la cocaïne comme une substance indésirable », explique le Dr Ronald G. Crystal du Weill Cornell Medical College de New York (Etats-Unis). Mis au point à base d’éléments provenant d’un rhinovirus banal – habituellement responsable de rhinopharyngites bénignes – et de particules mimant la cocaïne, le candidat-vaccin testé par l’équipe new yorkaise pourrait déboucher sur une option thérapeutique efficace pour les cocaïnomanes.

« Cette approche doit permettre d’enseigner au système immunitaire humain à reconnaître la cocaïne et à l’identifier comme un intrus. Dès lors que la structure de cet intrus est reconnue, l’organisme est en mesure de développer une immunité naturelle contre les particules de cocaïne. Ainsi, à chaque fois qu’une dose de cocaïne sera sniffée ou utilisée d’une autre façon, les anticorps qui seront produits empêcheront cette dernière d’atteindre le cerveau », explique le Dr Crystal. Le traitement d’autres addictions – à la nicotine, à l’héroïne et à d’autres opiacés – pourrait également bénéficier à terme de cette découverte.

« Nous avons absolument besoin de disposer d’un remède efficace contre l’addiction à la cocaïne. C’est la première fois que nous disposons d’une piste offrant la perspective d’un traitement qui ne repose pas sur l’administration répétée de traitements coûteux, et qui soit également susceptible de passer rapidement au stade des essais cliniques ».

Sans doute la réalité est-elle moins rose et la route encore très longue. Toujours est-il que depuis le début des années 2000, la cocaïne gagne du terrain partout dans le monde. En France, elle est même devenue la deuxième substance illicite la plus consommée, derrière le cannabis. Le niveau d’expérimentation a triplé entre 1992 et 2005, indiquait l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) dans son rapport pour 2010. Il est ainsi passé de 1,2% à 3,8% en 13 ans.

Autrefois considérée comme une drogue « de riches », la cocaïne s’est largement démocratisée. « Sniffée » en lignes de poudre blanche, fumée avec du tabac ou encore injectée par voie intraveineuse, la « coke » entraîne, très rapidement, une euphorie et une sensation de toute puissance. Elle provoque un état de dépendance quasi immédiat, dont il est très difficile de s’affranchir.

  • Source : Presbyterian Hospital, Weill Cornell Medical Center, Weill Cornell Medical College, New York, 4 janvier 2011; L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), 4 février 2010

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