Les médecins ont-ils peur des piqûres ?

27 septembre 2011

La vaccination des personnels de santé est naturellement, un outil essentiel pour prévenir les infections et épidémies nosocomiales. Pourtant, preuve est faite que nos soignants bien souvent, sont loin de respecter les recommandations des autorités de santé. Ainsi les médecins sont-ils particulièrement peu nombreux à être vaccinés, si l’on en croit les rédacteurs du dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

La transmission de maladies épidémiques, comme la grippe ou l’hépatite B (VHB), peut se produire au sein même d’un établissement de santé, mais également ou en dehors de l’activité professionnelle du soignant. Dès lors, ce dernier peut être le point de départ d’une épidémie ou participer à sa propagation, simplement en portant à ses patients le virus ou la bactérie qui en est responsable. C’est apparemment ce qui se produit de façon trop régulière avec la grippe, la coqueluche et la rougeole.

En effet, la couverture vaccinale des soignants reste très nettement insuffisante pour les vaccins non-obligatoires. C’est ce que montrent les résultats de l’enquête Vaxisoin menée en 2009. La couverture vaccinale contre la rougeole est ainsi inférieure à 50% de la population des soignants. Pour la coqueluche, elle ne dépasse pas les 45%. Quant à la grippe et la varicelle, elles ne font guère mieux avec une couverture inférieure à 40% pour la première… et de 30% pour la seconde.

En ce qui concerne les vaccinations obligatoires, les résultats sont évidemment meilleurs. Pourtant, ils ne sont pas complètement satisfaisants.. S’ils dépassent les 90% pour la vaccination contre l’hépatite B (VHB), pour la vaccination DTP (diphtérie, tétanos, poliomyélite) ou le BCG, les rédacteurs du BEH qualifient ce niveau de couverture de « satisfaisant mais non-optimal ». Notons enfin que les médecins sont mal placés, en comparaison des autres soignants. En effet, 76% d’entre eux seulement sont immunisés contre le VHB, contre 90% pour les infirmiers et près de 96% pour les aides-soignants. En revanche 55% des médecins sont protégés contre la grippe, au lieu de 25% pour les infirmiers, 22% des sages-femmes et moins de 20% des aides-soignants.

Des professionnels responsables d’épidémies

La couverture vaccinale des soignants n’est donc pas encore suffisante, et ce constat n’est pas dénué de conséquences. « Sur les épidémies hospitalières de grippe rapportées en France ces 10 dernières années, près de la moitié touchait le personnel soignant qui en était souvent à l’origine ». Et concernant les épisodes de coqueluche nosocomiale, les rédacteurs du BEH dressent le même constat. Enfin, ces deux dernières années « sur 102 cas de rougeole observés dans des établissement de santé, 43 étaient d’origine nosocomiale et concernaient essentiellement des soignants (81%) ». Ces résultats concernent la région couverte par le Centre de Coordination de la Lutte contre les Infections associées aux Soins (CCLIN) de Paris Nord, soit la Haute-Normandie, l’Ile-de-France, le Nord Pas-de-Calais et la Picardie.

Pour réduire significativement le nombre d’épidémies nosocomiales, la couverture vaccinale des professionnels de santé doit être améliorée. <a href="https://destinationsante.com/IMG/pdf/programme_prevention_IN_09-13(1).pdf” target=”_blank”>Le programme national de prévention des infections nosocomiales 2009-2013 a pour objectif la mise en place dès 2012, « dans 100% des établissements, avec la médecine du travail, d’une surveillance de la couverture vaccinale pour la grippe, la coqueluche, la rougeole et l’hépatite B ». A vos seringues…

  • Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, InVS, 27 septembre 2011

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