Leucémie lymphoïde chronique : l’émergence d’une nouvelle association de médicaments

14 décembre 2009

L’ajout de rituximab (MabThera/Rituxan®) à la chimiothérapie de référence augmente la survie générale, le taux de rémissions complètes et allonge la survie sans progression de la leucémie lymphoïde chronique.

Une étude de phase III menée dans 11 pays, rendue publique au 51ème Congrès de l’ASH à la Nouvelle-Orléans, éclaire d’un jour nouveau la prise en charge de la plus fréquente leucémie de l’adulte.

D’origine encore inconnue, la leucémie lymphoïde chronique (LLC) est exceptionnelle – et de pronostic aggravé – à la trentaine. Elle atteint entre 2 et 3 personnes sur 100 000 en population générale mais, explique le Pr Stéphane Leprêtre (CHU de Rouen), « 75% des malades ont plus de 60 ans. » La prévalence de la LLC est ainsi « de 5/100 000 après 50 ans, (mais) atteint 30/100 000 à 80 ans ». La maladie provoque une augmentation permanente et incontrôlée du nombre de lymphocytes – des globules blancs – sans manifestations particulières. Lorsque se manifestent des ganglions anormalement importants, ou que surviennent fatigue, fièvre, essoufflement…c’est souvent à cause de complications. Elle est souvent traitée par cytostatiques : du cyclophosphamide (Endoxan®), associé ou non à de la fludarabine (Fludara®) pour son effet cytostatique mais également immunodépresseur.

Le travail présenté par le Pr Michael Hallek (Département de Médecine interne, Université de Cologne en Allemagne) visait à mesurer l’intérêt d’y ajouter le rituximab, déjà utilisé dans de nombreuses indications. Cet anticorps monoclonal est spécifique d’un antigène qui détruit les lymphocytes marqués par les anticorps. Les cellules souches de la moelle osseuse – responsables de la production des lymphocytes- ne portent pas cet antigène, de sorte qu’une normalisation des nouvelles lignées lymphocytaires peut être envisagée…

Dans 11 pays, 191 centres ont participé à cette recherche sur 817 patients « naïfs » – c’est-à-dire dont la LLC n’avait encore fait l’objet d’aucun traitement. Ils étaient âgés de 30 à 81 ans, avec une moyenne à 61 ans. Tous présentaient encore un bon état général et ils ont été répartis en deux groupes randomisés en double aveugle. Chaque groupe a suivi 6 protocoles successifs comportant soit l’association fludarabine/cyclophosphamide (FC), soit une association triple avec du rituximab (FCR).

Alors que ce dernier est considéré peu efficace lorsqu’il est prescrit seul dans cette forme de leucémie, son association aux deux autres composants semble avoir été heureuse. Trois ans après randomisation, 87,2% des patients traités par FCR étaient toujours en vie, contre 82,5% seulement dans l’autre groupe. Les auteurs signalent également 44,1% de rémissions complètes dans le groupe FCR, contrastant avec les 21,8% de l’autre. Enfin la moyenne de survie sans progression ressort à 51,8 mois dans le 1er groupe, et 32,8 dans le second.

Ces résultats ont été jugés encourageants. Il pourrait en résulter la recommandation d’utiliser cette trithérapie en première ligne, même si l’adjonction de rituximab semble n’avoir pas permis d’enrayer les rechutes précoces chez certains malades.

  • Source : de notre envoyé spécial au 51ème congrès de l’ASH, La Nouvelle-Orléans, 5-8 décembre 2009

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