Maladie de Crohn, une approche prometteuse

10 mars 2011

La petite entreprise française de biotechnologie Néovacs (20 salariés) a fait sensation récemment à Dublin (Irlande) à l’occasion du congrès de l’European Crohn’s and Colitis Organisation, centré sur la maladie de Crohn, qui concerne aujourd’hui, un Français sur 1 000. Ses dirigeants y ont en effet présenté une nouvelle approche clinique pour la prise en charge de cette affection, et celle-ci a été jugée prometteuse. Explications.

« Relativement fréquente, la maladie de Crohn est très difficile à traiter », explique le Dr Pierre Vandepapelière, directeur des Affaires médicales de Néovacs. « Les patients ont donc des attentes importantes en matière d’alternatives thérapeutiques ».

Alternatives ? Notre interlocuteur fait notamment référence, aux agents anti-TNF. Ces traitements en effet, ont constitué une avancée majeure dans la prise en charge de cette maladie et d’autres maladies chroniques inflammatoires, soit de l’intestin – les MICI – soit des articulations comme certains rhumatismes inflammatoires. Aujourd’hui, « ces traitements montrent parfois des limites, si bien que de nombreux patients se trouvent en situation d’impasse thérapeutique », poursuit le Dr Vandepapelière. Et pour cause, « certaines études cliniques ont montré qu’au bout d’un an, seulement un malade sur deux continuait de ‘répondre’ à son traitement ».

Pour des patients en échec thérapeutique

C’est aux patients en échec thérapeutique précisément, que se sont intéressé nos Français. Leurs approche est issue d’un concept innovant : la recherche d’une immunisation active contre les cytokines, dont font partie les TNF. Chez les patients atteints de maladie de Crohn, ces substances impliquées dans la régulation du système immunitaire sont produites en excès. L’objectif des traitements – tels que les anti-TNF- est justement d’arrêter leur prolifération.

Les équipes de Néovacs ont donc testé le profil d’innocuité et la réponse immunitaire générée par le TNF-kinoïde, dérivé de leur recherche. Ce dernier a été administré à 21 patients, à raison de trois injections intramusculaires réparties sur un mois. Tous les malades souffraient d’une maladie de Crohn « modérée à sévère », en échappement thérapeutique.

Résultat : « après 5 mois ou plus de suivi, aucun événement indésirable grave n’a été associé au TNF-kinoïde », a expliqué le Dr Vandepapelière, dans le cadre du Congrès de l’ECCO. Par ailleurs, « une rémission clinique a pu être obtenue chez un patient sur deux, un mois après la dernière administration du traitement. Et le résultat s’est maintenu jusqu’à la vingtième semaine ».

Des résultats à confirmer

Gastro-entérologue à la clinique de La Source à Lausanne (Suisse), le Pr Pierre Michetti a lui aussi participé à ce travail. Il confirme ces résultats « très encourageants, d’autant qu’ils concernent des patients atteints de formes modérées à sévères de la maladie, lesquelles sont difficiles à prendre en charge ». Il prend le soin toutefois, de relativiser ces premières données. Car .’« à ce stade, ce travail n’a rassemblé qu’une vingtaine de patients, sans groupe contrôle ».

Une nouvelle étude, randomisée et contre placebo – et portant sur 132 patients, doit débuter très bientôt. Les premiers résultats devraient en être rendus publics à la fin juillet 2011. Quant à l’éventuelle mise sur le marché du TNF-kinoïde, elle ne devrait pas intervenir avant 2015. Mais le chemin est encore long.

  • Source : De notre envoyé spécial au 10è Congrès de la European Crohn’s and Colitis Organisation, Dublin, 24-26 février 2011 – Interview du Pr Pierre Michetti, 28 février 2011

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