Nourrissons : un dépistage très précoce de la luxation de hanche

28 décembre 2012

Pour dépister la luxation congénitale de la hanche, des radiologues procèdent aujourd’hui à une simple échographie. Dès le premier mois de vie du nourrisson, cette technique fiable permet de détecter une éventuelle dislocation – partielle ou complète- de la hanche. Ainsi les risques de séquelles sont-ils nettement réduits. Les bons résultats obtenus grâce à ce protocole, pourtant établi depuis plus de 20 ans, viennent à peine d’être publiés dans la revue European Radiology.

La luxation congénitale de la hanche concerne 6 naissances sur 1 000 en France, et touche dans 93% des cas, des filles. Diagnostiquée trop tardivement, cette malformation peut imposer un traitement chirurgical lourd et entraîner des séquelles importantes. Pour le dépister précocement, « une seule mesure réalisée à l’âge d’un mois est nécessaire », explique le Dr Catherine Tréguier, radiologue au CHU de Rennes. Si la distance entre la tête du fémur et le fond du cotyle est supérieure à 6 millimètres, « la hanche est considérée comme pathologique ». Le traitement se résume alors souvent à exercer une traction au moyen de coussins de Becker, ou de culottes d’abduction. « Aucune hospitalisation n’est alors nécessaire ».

Plus aucun cas chez les filles en Ille-et-Vilaine

La généralisation de la technique de dépistage par simple échographie, dans le département d’Ille-et-Vilaine, a permis de réduire fortement la proportion des traitements lourds mis en œuvre au CHU de Rennes. « L’incidence des prises en charge par traction est de 0,39 pour 1 000 naissances dans le département. Ce taux est stable depuis 1997, et parmi les plus faibles de la littérature », souligne Madeleine Chapuis, chirurgien orthopédiste au CHU de Rennes. Et depuis 2008, aucune luxation congénitale de hanche n’a été recensée chez une fille dans tout le département. Des résultats exceptionnels, obtenus grâce à « cette mesure simple à réaliser par tous les radiologues, même non spécialistes ».

Si de nombreux centres hospitaliers, comme ceux de Limoges, Rouen, Bordeaux et Lille commencent à mettre en place ce dépistage systématique, « trop de radiologues continuent à pratiquer la technique complexe d’échographie Graf. Difficile à mettre en œuvre, elle n’est pas fiable à 100%. Dans d’autres cas, une radiographie est réalisée au 4e mois. Tardivement donc », insiste Catherine Tréguier. Les deux praticiennes, très engagées dans la généralisation de ce protocole, proposent des formations pour les radiologues intéressés.

  • Source : CHU de Rennes, 23 novembre 2012 – interview des Drs Madeleine Chapuis et Catherine Tréguier, 18 décembre 2012

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