Pandémie grippale : la menace persiste, la préparation gagne en puissance

15 septembre 2008

Aujourd’hui débute à Faro (Portugal) la 3ème réunion du Groupe de Travail scientifique européen sur l’Influenza (ESWI). Elle s’ouvre sur le constat que jamais sans doute le monde ne s’est autant préparé à une menace sanitaire globale.

Mis en place en 1993 l’ESWI établit une connection permanente entre recherche, responsables politiques et professionnels de santé. Il travaille aussi en étroite liaison avec l’OMS, dont le rôle dans la surveillance des souches virales circulantes et la préparation d’une stratégie de défense et de prise en charge est majeur.

Sans conteste, la pandémie de grippe « espagnole » de l’été 1918 a le plus marqué les mémoires. Avec un bilan supérieur à celui de la Première Guerre mondiale, elle a été la plus virulente des 20 à 30 pandémies grippales endurées par le monde depuis… le XVème siècle. Directeur du Centre national de Référence de la Grippe à Lyon, le Pr Bruno Lina souligne que « l’estimation la plus réaliste, basée sur environ 40 millions de morts, concerne une population mondiale de 1,5 milliard d’individus ».

Celle-ci est proche aujourd’hui de 6,8 milliards. Et avec le développement des transports de masse –inconnus en 1918- les enjeux sont tout autres… Devons-nous alors considérer que la pandémie de grippe à virus aviaire sera la grande peur de demain ? Parce que le monde se prépare sans relâche depuis plus de 10 ans, la réponse à cette question est sans doute négative.

Sous l’impulsion de l’OMS, des plans ont été mis en place dans des pays toujours plus nombreux. Celui de la France élaboré depuis 3 ans, est l’un des plus complets à ce jour. Les souches virales en circulation sont veillées comme le lait sur le feu, la recherche sur les antiviraux enregistre des progrès permanents. Et surtout dans le domaine des vaccins, un concept inconnu encore il y a deux ans – celui du vaccin prépandémique qui nous donne un coup d’avance sur les mutations à venir – a enfin débouché. Le premier a reçu son feu vert européen en avril dernier. C’est un pas décisif.

H5N1 aviaire : en 15 ans, 387 cas humains, 245 morts

Pour autant, tout ne va pas pour le mieux. Même si le président de l’ESWI Albert Osterhaus s’est félicité que « l’accès à des vaccins prépandémiques ouvre la perspective de plans encore plus performants », la menace est plus réelle que jamais. « Des 25 épizooties (grippales, n.d.l.r.) auxquelles nous avons été confrontées depuis 1959, la seule aussi longue et étendue est sans aucun doute l’épizootie actuelle à virus A(H5N1) », confiait hier soir le Pr Luno Lina, à l’ouverture du congrès.

Les 137 cas humains de grippe aviaire à virus H5N1 enregistrés depuis 2005 en Indonésie ont entraîné la mort de 112 personnes. Depuis 15 ans, 387 cas humains ont été enregistré dans 15 pays. Dont 245 mortels. Alors oui, comme le souligne Bruno Lina « c’est la première fois que nous avons assez d’avance sur le virus pour prévenir ou tenter de contrôler une pandémie. Mais la menace doit être considérée sur le long terme, comme pour les tremblements de terre. Et nos plans doivent être réévalués et ajustés en continu ».

Celui de la France, dont la 4ème version est en préparation, sera prochainement révisé. Le Comité ad hoc remettra ses recommandations au Directeur général de la Santé Didier Houssin, « d’ici au maximum un mois ou deux », nous a-t-il confirmé lors d’une conférence de presse.

  • Source : De notre envoyé spécial à la 3ème réunion du Groupe de Travail scientifique européen sur l’Influenza (ESWI, 14-17 septembre 2008, Faro (Portugal) ; OMS, 10 septembre 2008.

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