Parler de sexe à son ado ? Difficile mais… essentiel

09 mars 2012

Beaucoup de parents appréhendent le jour où ils devront aborder l’épineux sujet du sexe avec leur ado. Pourtant, voilà bien un domaine sur lequel il est essentiel de ne pas faire l’impasse: Pour les protéger des infections sexuellement transmissibles (IST) ou encore des grossesses précoces bien sûr, mais surtout pour les aider à devenir des adultes épanouis. Sophie Marinopoulos, psychologue et co-auteur avec le Pr Israël Nisand et le Dr Brigitte Letombe du rapport sur la sexualité des ados, insiste sur l’importance du dialogue. Un dialogue qui doit être instauré très tôt avec son enfant.

« On ne se réveille pas un matin en se disant qu’on a un ado et qu’il faut lui parler de sexe pour le protéger. C’est extrêmement agressif et inadapté » comme démarche, souligne Sophie Marinopoulos. « Il faut absolument instaurer très tôt un dialogue avec les enfants, et insister en priorité sur la vie émotionnelle et affective », conseille-t-elle.

Il ne s’agit donc pas de parler de sexe à des tout-petits, mais bien d’évoquer la vie. « Racontez comment vous vous êtes rencontrés, comment ça fait d’être amoureux… Tout ceci intéresse beaucoup les enfants », poursuit-elle. Toutefois, ne devancez pas leurs questions. Ainsi le moment de l’adolescence venu, l’enfant aura pris l’habitude de dialoguer avec vous sur ses sentiments, ses difficultés éventuelles dans ses relations avec les autres. Il sera plus facile d’évoquer les questions concernant leur sexualité naissante.

Autoriser le dialogue

Pour autant, « il n’est pas question d’aborder ce sujet de façon frontale », prévient Sophie Marinopoulos. Si l’information sur la sexualité et les moyens de contraception reste la meilleure des préventions, elle doit être disponible à tout moment pour l’ado. Pour ce faire, « l’enfant doit sentir qu’il a des interlocuteurs autour de lui. Pas nécessairement ses parents, d’ailleurs », insiste-t-elle. « Ce qui est primordial, c’est de lui donner une autorisation explicite d’avoir une vie amoureuse, et d’être en mesure de communiquer à ce propos ». Par exemple, le parent peut proposer à l’ado de se rendre dans un centre de planning familial, ou lui glisser des plaquettes d’information sur ces questions.

Malheureusement aujourd’hui, les adolescents sont informés de manière très inégale. « Nous l’évoquons dans l’alerte que nous lançons dans notre rapport », souligne Sophie Marinopoulos. « Il faut absolument mettre en place l’information sexuelle à l’école. Mais aussi parler de la vie émotionnelle et affective avec les enfants, dès le primaire ». Ce dispositif permettrait ainsi « à tous les jeunes d’avoir un minimum de dialogue sur ces sujets. Cela peut prévenir un certain nombre de dangers », conclut-elle.

  • Source : interview de Sophie Marinopoulos, psychologue à Nantes et co-auteur avec Brigitte Letombe et Israël Nisand du rapport Et si on parlait de sexe à nos ados ?, Editions Odile Jacob, 248 pages, 21,90 euros

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