Prêt pour faire exploser les saveurs ?

20 octobre 2011

Le goût est déterminant dans la façon dont nous choisissons et préparons nos aliments. Chacun en effet, choisit ce qu’il mange en fonction de ses goûts, et de sa capacité à percevoir les arômes. La semaine du goût qui se termine ce dimanche, aura été l’occasion de se pencher sur les mécanismes d’un sens… curieusement peu connu. Elisabeth Guichard, chercheur à l’INRA, nous donne quelques clés pour mieux comprendre ce qui se passe dans notre bouche, mais aussi dans nos voies aériennes supérieures.

« Pour comprendre comment certaines molécules étaient libérées en bouche et dans le nez, nous avons travaillé à partir de fromages », explique-t-elle. Les chercheurs en ont fait goûter plusieurs différents à 50 personnes qui présentaient des caractéristiques diverses en termes de flux salivaire, de débit respiratoire notamment. En effet souligne Elisabeth Guichard, « ces paramètres ont un impact sur la perception personnelle du goût ».

mastication et interaction bouche-nez

Toutefois, après les avoir pris en compte, les chercheurs ont observé que deux paramètres principaux influaient sur la libération des arômes. « Le premier de ces facteurs est le degré d’imprégnation du produit par la salive. Plus le produit aura été mastiqué, plus il sera imprégné de salive et mieux il libèrera les arômes en bouche », explique-t-elle.

« Ensuite, l’ouverture du vélo-pharynx – autrement dit le voile du palais- est très importante. Ce muscle permet en s’ouvrant, de faire passer les arômes de la cavité buccale à la cavité nasale. Là, ils sont perçus par les récepteurs sensoriels ». L’utilisation d’un arôme libéré un peu tardivement en bouche par exemple, peut favoriser une meilleure perception du goût.

Suffirait-il alors de mastiquer longuement pour augmenter la perception du goût des aliments ? Oui et non. « Menée conjointement avec des industriels, notre étude visait à déterminer les mécanismes de libération des arômes pour permettre le développement de produits plus goûteux. Mais aussi à l’avenir, pourquoi pas, de mettre au point des aliments spécifiquement destinés aux personnes âgées ayant perdu une partie du goût, ou aux personnes qui ont du mal à saliver… ».

  • Source : Interview d’Elisabeth Guichard de l’INRA de Dijon, au Centre européen des sciences et du goût, 19 octobre 2011

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