Soumission chimique, un phénomène en augmentation

24 février 2010

La soumission chimique, c’est-à-dire l’administration de substances psycho-actives à l’insu de la victime à des fins délictueuses, est un phénomène dont la fréquence augmente. Il est aussi sous-évalué, avertit l’Académie nationale de Médecine dans une communication.

Entre fin 2003 et fin 2008, d’après une enquête de l’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé
(AFSSaPS), 1 156 notifications de soumission chimique ont été dénombrées. Les victimes sont majoritairement des femmes, pour lesquelles l’agression sexuelle est au premier plan. Les hommes sont plus concernés par le vol. Dans plus de la moitié des cas, une amnésie antérograde est constatée, des troubles de la vigilance et des lésions traumatiques sont rapportés dans respectivement 30% et 25% des cas. Les benzodiazépines et leurs dérivés sont les substances les plus employées (dans 60% à 75% des cas). Certains composés provoquent l’endormissement. Avec d’autres, les victimes sont éveillées mais commettent des actes contre leur volonté, sous le contrôle de l’agresseur.

Sous-évaluation. Ce type d’agression est sans doute sous-déclaré. Plusieurs raisons à cela :
la victime ne se manifeste pas, par manque d’information ;
elle éprouve un sentiment de culpabilité et n’ose pas déposer plainte ;
la substance ingérée a effacé ses souvenirs, rendant peu crédibles ses déclarations ;
l’examen clinique n’apporte pas suffisamment d’éléments ;
les analyses sont absentes ou inadaptées, par manque d’information des professionnels de santé. Ceux-ci peuvent trouver toutes les informations nécessaires sur le site de l’AFSSaPS.

Pour l’Académie nationale de Médecine, il y a une nécessité à judiciariser la prise en charge des victimes, c’est-à-dire les inciter à porter plainte, et préserver les prélèvements biologiques dans l’éventualité d’un procès ultérieur.

Différents éléments doivent vous inciter à soupçonner une agression de ce type : des signes physiques de violence ou de vol, une perte de mémoire, des troubles de la vigilance ou du comportement, une confusion. Les substances psychoactives (médicaments, alcool, drogues..) peuvent facilement être ajoutées à un jus de fruits, une bière, un café. Pour vous protéger, n’acceptez jamais un verre d’un inconnu, ou même de toute personne en qui vous n’avez pas une entière confiance. Gardez toujours votre verre à la main.

  • Source : AFSSaPS – Académie de Médecine, 22 février 2010.

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