Sport : le mensonge comme dopant ?

30 septembre 2011

Les athlètes de haut niveau l’affirment depuis longtemps : en compétition, c’est le mental qui fait la différence. Une équipe de la Northumbrian University à Newcastle (Royaume-Uni), vient de le démontrer en faisant courir des cyclistes contre leur avatar plus performant… sans le leur dire. Une expérience probante.

Avant tout, les coureurs cyclistes ont dû pédaler à plusieurs reprises sur 4 kilomètres, le plus vite possible. Ils pensaient alors avoir atteint leurs limites. C’est à ce moment-là que le Dr Thompson leur a proposé de faire la course contre leur avatar. Concrètement, assis sur un vélo d’intérieur, les sportifs visualisaient deux personnages virtuels sur un écran d’ordinateur. L’un reproduisait leur propre performance dans l’instant, l’autre se déplaçait à la vitesse de leur meilleur résultat. Ou en tout cas, c’est ce que Thompson leur a dit…

En réalité, le second avatar pédalait légèrement plus vite que le coureur au meilleur de sa forme. Résultat : croyant simplement atteindre sa meilleure performance en suivant le rythme de l’autre avatar, le cycliste parvenait à battre son propre record. Mais à l’insu de leur plein gré, en quelque sorte…

« Alors, qu’est-ce qui détermine la vitesse maximale à laquelle un athlète peut courir, nager ou pédaler ? Est-ce vraiment le corps ou bien existe-t-il un « gouverneur central » situé dans notre cerveau ? », s’interroge Thompson. Apparemment, pendant une compétition son cerveau autorise l’athlète à piocher plus profondément dans ses ressources énergétiques qu’en temps normal. « Le résultat dépend en réalité d’un système de croyance. Si l’athlète pense qu’une certaine vitesse lui est accessible, il pourra extraire l’énergie que son cerveau garde en réserve », pense Thompson.

L’entraîneur doit-il alors mentir à son athlète pour le pousser à dépasser ses limites ? Peut-être. Mais la solution est dangereuse : même de petits mensonges peuvent mettre en cause la relation de confiance entre le sportif et son coach. C’est pourtant sans doute, mieux que le dopage…

  • Source : New York Times, 19 septembre 2011

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