Téléphone portable : l’Académie de Médecine appelle à la rigueur scientifique

17 juin 2008

Pour l’Académie nationale de Médecine, l’affaire est entendue : l’appel visant à sensibiliser l’opinion publique sur les risques potentiels des téléphones portables, lancé par une vingtaine de scientifiques et publié dans le Journal du Dimanche, « relève de la démagogie (et) en aucun cas d’une démarche scientifique ».

Les 19 « scientifiques » réunis autour du Pr David Servan-Schreiber – des cancérologues pour la plupart – apprécieront sans doute… Toujours est-il que l’Académie n’y va pas par quatre chemins. S’appuyant sur les résultats partiels et « pour le moment rassurants » de l’étude Interphone pilotée par l’OMS, elle rappelle à juste titre que « la médecine n’est ni de la publicité ni du marketing, et qu’il ne peut y avoir de médecine moderne que fondée sur les faits ». Certes. Signalons cependant que la fameuse étude Interphone – toujours en cours dans 13 pays – voit ses conclusions sans cesse annoncées puis… reportées. Ce qui laisse pour le moins, planer de lourds nuages de doute sur la qualité du suivi qu’en fait l’OMS.

Quant à ceux qui se drapent derrière le sacro-saint principe de précaution… les académiciens les renvoient en quelque sorte, dans les cordes : « (Ce principe) ne saurait se transformer en machine alarmiste, surtout quand plusieurs milliards de portables sont utilisés dans le monde sans conséquences sanitaires apparentes depuis 15 ans ». Touché…

Passée cette mise au point qui a le mérite de la clarté, l’Académie reprend aussitôt le ton posé dont elle est accoutumée. Et elle recommande « de privilégier les grandes études inattaquables sur (leur) méthodologie, (…) plutôt que de nombreuses études de moindre envergure dotées de moyens et d’une puissance statistique insuffisants ». Or cette « robustesse statistique » n’est actuellement proposée « ni par l’étude Interphone ni par le grand nombre d’études qui l’ont précédée. »

  • Source : Académie de médecine, 17 juin 2008

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