Tourmente autour d’un anti-psychotique

21 décembre 2006

Le groupe pharmaceutique américain Eli Lilly a-t-il minimisé certains effets secondaires associés à son anti-psychotique vedette, Zyprexa ? C’est un article du New York Times basé sur des documents internes au laboratoire qui a mis le feu aux poudres.

Zyprexa -olanzapine- est un anti-psychotique dit « atypique ». Il est principalement indiqué pour contrôler l’agitation et les troubles du comportement des patients schizophrènes et ceux souffrant de troubles bipolaires.

Si l’on en croit cet article repris en France par le Figaro, aux Etats-Unis 30% des patients sous Zyprexa auraient connu une augmentation rapide de leur poids. De l’ordre de 10 kg en un an. Certains malades auraient même grossit de… 45 kg ! Ce n’est pas tout. Car ce médicament serait aussi lié à une augmentation du taux de sucre dans le sang.

Des effets indésirables bien connus

Prise de poids, hyperglycémie. Il s’agit en fait d’effets indésirables bien connus de ce médicament. Ils figurent même dans le Résumé des caractéristiques du Produit (RCP) de l’Agence européenne du médicament (EMEA). Un document selon lequel la prise de poids serait considérée comme « très fréquente », c’est-à-dire supérieure à 10% des cas. Voilà pourquoi, ces effets secondaires « n’ont fait en France, l’objet d’aucune communication de la part des autorités sanitaires » nous confirme Nathalie Deleau de l’unité de pharmacovigilance de l’AFSSaPS.

« Certaines études ont montré que la prise de poids était un peu plus importante chez les patients sous Zyprexa » poursuit-elle, rappelant également quelques spécificités de la population traitée en général par Zyprexa : « très sédentaire, ce qui favorise les problèmes de poids ». Autrement dit, le terrain serait particulièrement favorable à une prise pondérale rapide et importante.

Des effets indésirables connus donc, mais que Lilly aurait tenté de minimiser, selon le journal américain. Qui cite un courriel interne de 1999, dans lequel le Directeur médical mentionnait que « le gain de poids associé à l’olanzapine et la possible survenue d’hyperglycémie constituent des menaces majeures pour le succès à long terme de cette importante molécule ».

Une contestation vigoureuse du laboratoire

Le laboratoire a-t-il cherché à préserver un médicament prescrit à 20 millions de patients dans le monde et qui a généré l’an passé, un chiffre d’affaires de 4,2 milliards de dollars ? Dans un communiqué de presse, Lilly « s’élève vigoureusement contre l’article du New York Times, basé sur une sélection de documents illégalement transmis par des avocats de plaignants ».

Car aux Etats-Unis, l’histoire dure depuis plus de 6 ans. Comme nous l’explique Agnès Renard, responsable de la communication de Lilly France, « en 2005, au terme d’un accord à l’amiable, Lilly a déjà dû dédommager 8 000 plaignants qui auraient pu être lésés. Et là, dans un contexte américain où les avocats ont un intérêt financier, l’on se dit que cela peut fonctionner une deuxième fois ».

Concernant les problèmes de poids et d’hyperglycémie, elle souligne qu’« ils sont parfaitement connus. Nous insistons d’ailleurs auprès de nos patients pour qu’ils respectent une bonne hygiène alimentaire. Zyprexa, c’est 23 années de recherches qui garantissent la sécurité du produit. Je tiens à rassurer les patients. Et surtout qu’ils parlent à leur médecin avant d’envisager quoi que ce soit ».

  • Source : Interview d’Agnès Renard, 20 décembre 2006, AFSSaPS, EMEA, New-York Times

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