Un lycéen de 18 ans sur 10 est « légèrement sourd » !

19 février 2008

L’invulnérabilité : voilà un sentiment partagé par une majorité de jeunes, s’imaginant que leur capital auditif ne peut être entamé lorsqu’ils s’exposent à des niveaux sonores bien trop élevés. Ces derniers pourtant, entraînent souvent des lésions silencieuses… qui font le lit d’une vraie surdité. L’alerte est sérieuse et au moindre signe, ils doivent consulter un ORL.

En 1997, le Centre de Recherche du Service de Santé des Armées (CRSSA) a mené auprès de 1 208 jeunes de 18 à 24 ans une étude qui illustre bien les dangers de la musique amplifiée. Les pertes auditives constatées ont essentiellement été générées par les baladeurs, et par les concerts. Notamment lorsque ces jeunes avaient déjà souffert d’une otite. Parmi ces derniers 47% présentaient une perte auditive moyenne de 11 décibels. Une déficience considérée comme très légère, mais… irréversible.

En France, nous manquons de données épidémiologiques concernant les jeunes et l’audition. Mais il est généralement admis que 11% des moins de 18 ans souffrent d’un déficit auditif. Une étude dans la région Rhône-Alpes, sur 6 200 lycéens de 17-18 ans a montré que plus d’un sur dix présentait une perte moyenne de 15 à 40 décibels. Soit à 18 ans déjà, une surdité légère…

Comme le précise le Pr Paul Avan, ORL au CHU de Clermont-Ferrand, « le son fort, ce n’est pas de la bonne musique. C’est tellement vrai que les musiciens mettent des bouchons atténuateurs, pour se protéger mais aussi pour la qualité du son. Enfin certains professeurs de batterie ou de guitare exigent de leurs élèves qu’ils portent un casque anti-bruit. »

« Pour une paire de bouchons antibruit qui diminue de manière linéaire et sur toutes les fréquences le son de 20 décibels, comptez 28 euros », souligne une audioprothésiste du groupe Amplifon à Nantes. « Pour davantage de confort ou un usage fréquent, il existe des produits moulés sur mesure ». Dans ce cas l’investissement approchera 170 euros. Dans l’un comme dans l’autre cas, la restitution musicale est de très bonne qualité.

Un acouphène, c’est déjà un signe

L’OMS recommande au public des discothèques et concerts de ne pas rester exposé à des niveaux sonores supérieurs à 100 décibels pendant plus de quatre heures, plus de quatre fois par an. « A chaque fois qu’on lèse les cellules auditives, elles ne repoussent pas. Parfois, il suffit d’une seule exposition à des niveaux sonores extrêmes pour devenir sourd. C’est très rare, mais le cas est connu », souligne Paul Avan.

Dans les concerts, évitez donc de vous placer près d’un haut-parleur. Et faites comme les professionnels, portez des protections pour diminuer ou filtrer le bruit. C’est sérieux ! « Même un acouphène de courte durée, c’est déjà un signe d’alerte. Et si on se réveille avec un sifflement après une sortie en boîte ou un concert, c’est un signe de fatigue auditive. Après une journée d’acouphène il y a très probablement une lésion, et donc une perte auditive. Dans ces conditions, il faut absolument consulter un ORL ». D’ailleurs conclut notre ORL, « la musique c’est bon en-dessous de 80 décibels le temps d’un disque, c’est-à-dire 60 minutes. » Pas plus…

Les décibels en questions

L’échelle des décibels est une échelle logarithmique. Ainsi, 3 décibels supplémentaires correspondent à un doublement du niveau sonore, et 10 décibels multiplient celui-ci par 10. Mais la bonne nouvelle, c’est que les décibels ne s’additionnent pas : ainsi deux machines à laver avec un niveau sonore de 60 décibels chacune ne font-elles pas un bruit de 120 décibels mais de… 63.

  • 140 décibels : avion au décollage;
  • 120 décibels : seuil de la douleur, marteau-piqueur ;
  • 105 décibels : concert, musique en discothèque ;
  • 95 décibels : klaxon ;
  • 85 décibels : ambiance d’un restaurant scolaire ;
  • 80 décibels : automobile ;
  • 70 décibels : salle de classe ;
  • 50 décibels : machine à laver ;
  • 60 décibels ; fenêtre sur rue ;
  • 20 décibels : vent léger.
  • Source : Interview du Pr Paul Avan, 5 février 2008

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