Un trouble de l’attention, ce n’est pas un caprice

19 décembre 2011

Des cris, une hyperactivité, des comportements marqués par l’impulsivité… Comment distinguer un « bon petit diable » un peu turbulent, d’un enfant souffrant d’un trouble de l’attention ? Le Pr Philippe Duverger, chef du service de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent au CHU d’Angers, nous éclaire sur une pathologie qui affecterait un enfant sur vingt.

Trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), Trouble hyperkinétique, Instabilité psychomotrice… Derrière ces trois appellations se cache en fait une seule et même pathologie. Le TDAH donc – tel qu’il est le plus souvent évoqué – touche à la fois le corps et l’esprit. « Il s’agit d’une instabilité psychique et motrice » nous explique en effet Philippe Duverger.

Un trouble de garçons

Ce trouble de l’attention se manifeste entre 3 et 6 ans, et concernerait 5% des enfants. « Il frappe davantage les garçons, chez qui il est de 3 à 9 fois plus fréquemment observé que chez les filles ». Et pour caractériser un TDAH, es spécialistes se réfèrent à deux symptômes principaux :

– L’existence d’une instabilité motrice. En bon angevin, Philippe Duverger se réfère à Hervé Bazin et à son héros de Vipère au poing pour caractériser ce symptôme. « Comme ‘Brasse-bouillon’, les enfants touchés par ce trouble connaissent une hyperactivité explosive, inadaptée, souvent pour attirer l’attention. On a l’impression qu’ils sont montés sur ressorts, ils envahissent l’espace… et celui d’autrui. Ils ne respectent pas davantage les règles, que ce soit en classe ou en sport. Ils s’imposent aux autres… »

– Et sa coexistence avec une instabilité psychique. Il s’agit principalement d’une faible capacité à se concentrer. « Les enfants en question papillonnent. Ils sont éparpillés, ils ne parviennent pas à se concentrer sur un exercice ou un jeu. Et pourtant même si l’on peut avoir l’impression que cela ne les intéresse pas, il n’en est rien. Il ne s’agit pas d’un caprice. »

Ces deux formes d’instabilité peuvent être associées à d’autres symptômes : des angoisses, une instabilité de l’humeur par exemple. L’enfant alors, passera du rire aux larmes, de la logorrhée au mutisme. A terme, le petit s’isole. Il éprouve des difficultés à s’inscrire dans des relations amicales…

« On parlera de TDAH lorsque les 2 symptômes principaux seront associés, et se manifesteront dans la durée, pendant au moins 6 mois » indique notre spécialiste. « Malheureusement, nous ne pouvons pas expliquer la source de ces manifestations. Elles sont en effet nombreuses, diverses, et chaque enfant est différent. »

30% d’amélioration

L’intensité des troubles, leur durée et leurs répercutions sur l’environnement familial doivent pousser à consulter le médecin traitant, ou le pédiatre. Ces derniers le cas échéant, pourront orienter les parents vers un spécialiste. Une fois le diagnostic posé, un traitement adéquat pourra être proposé. « Il passera par un accompagnement des parents et/ou de l’école. Il faut que les parents comprennent que leur enfant souffre, et qu’il n’est pas nécessairement capricieux. Ensuite une approche psychologique régulière pourra l’aider à se contenir. Enfin dans certains cas sévères, une approche médicamenteuse sera envisagée ».

Comment ces troubles évoluent-ils ? En fait, il n’y a pas de pronostic tout fait. « Dans 30% des cas, nous observons une disparition des symptômes. Une fois sur trois, ces derniers persistent. Enfin dans un tiers des cas, ils s’aggravent… »

C’est pourquoi il insiste sur la nécessité « d’un dépistage précoce, qui garantit une meilleure prise en charge ». Au moindre doute, parlez-en à votre médecin traitant ou au pédiatre qui suit votre enfant.

  • Source : Interview du Pr Philippe Duverger, 14 décembre 2011

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