Vague de froid : combien de morts ?

07 janvier 2009

Des températures qui descendent à -5°C voire -15°C dans certaines régions… la France grelotte.

La vague de froid inquiète même certains spécialistes. Contrairement aux idées reçues en effet, « le froid est plus meurtrier que la chaleur », nous confirme le Pr Jean-Louis San Marco, professeur de santé publique à Marseille et co-auteur d’un ouvrage intitulé Météo et Santé, publié en 2006.

8500 morts en 1985. En observateur attentif, Jean-Louis San Marco se souvient de la dernière grande vague de froid sur l’Hexagone. C’était en 1985. « Cet hiver-là, 35 sans-abri sont décédés. Ce qui a provoqué un vrai scandale. Mais l’autre scandale c’est que 8 500 morts – des personnes âgées en majorité- sont passés totalement inaperçus ».

D’après l’Institut de Veille sanitaire, cet épisode de froid avait entraîné une surmortalité record de 13%, « principalement par infarctus du myocarde (+17%), par accidents vasculaires cérébraux (+54%) et pneumonies (+208%) ».

Les logements en question. Les causes de ces décès vont bien au-delà des seules hypothermies, observées notamment chez les sans-abri. Le Pr San Marco pointe aussi du doigt la mauvaise qualité de certains logements. « En 1985, nous avons observé à l’échelle européenne, que la surmortalité était liée à la densité de logements de mauvaise qualité. Elle a ainsi été de 26% au Portugal et de 21% en Espagne et en Grande-Bretagne ».

Dans ces cas précis, l’isolation de l’habitat est insuffisante. Mais le Pr San Marco cite également l’amplitude thermique à l’intérieur même des logements. « Certaines personnes ne chauffent qu’une seule pièce. Au cours de la journée, les allées et venues entre pièces chaudes et froides constituent autant d’agressions pour un organisme fragile. Voilà pourquoi, les premières victimes d’une vague de froid sont souvent les personnes âgées en situation de grande précarité ». L’occasion de rappeler que si vous êtes témoin de la détresse d’un SDF ou de toute autre personne, vous devez avoir le réflexe d’appeler le 115.

  • Source : Interview du Pr Jean-Louis San Marco, 6 janvier 2008 – Institut de Veille sanitaire, Froid et santé

Aller à la barre d’outils