Tramadol : la durée maximale de prescription passe à 3 mois

16 janvier 2020

Un médecin pourra prescrire désormais des médicaments à base de tramadol sur une période de 3 mois maximum. Contre 1 an auparavant. Une mesure prise par l’ANSM pour limiter le mésusage de cet antidouleur puissant et addictif.

« La durée maximale de prescription des médicaments antalgiques contenant du tramadol (voie orale)* est réduite de 12 mois à 3 mois, pour limiter leur mésusage ainsi que les risques de dépendance », annonce l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ce 16 janvier. Cette moléculeobligatoirement délivrée sous ordonnance est« inscrite sur la liste I des substances vénéneuses ».

Les spécialités concernées sont : 

Le tramadol seul : « biodalgic, contramal, monoalgic, monocrixo, orozamudol, takadol, topalgic, zamudol, zumalgic et tramadol generiques » ;

Les molécules associant tramadol et paracétamol : « ixprim, zaldiar, tramadol/paracetamol generiques » ;

Les molécules associant tramadol et dexkétoprofène : « skudexum ».

La décision de l’ANSM s’inscrit dans un contexte de lutte contre la dépendance médicamenteuse, suite à la publication de « l’État des lieux sur la consommation des opioïdes  et de la feuille de route 2019-2022 du ministère de la Santé « Prévenir et agir face aux surdoses d’opioïdes ».

Plus meurtrier que la morphine

Une récente enquête menée par les Centres d’Évaluation et d’Information sur la Pharmacodépendance-Addictovigilancefait aussi état « d’un mésusage croissant » du tramadol en France. Les utilisations inadaptées concernent les usagers de drogues et les patients souffrant de douleurs. Ces derniers présentent une « dépendance avec des signes de sevrage survenant même lors de prises à doses recommandées et sur une courte période, entraînant une prise persistante par des patients qui ne présententplus de douleur ».

Enfin, le tramadol reste le premier antalgique « impliqué dans les décès liés à la prise d’antalgiques, devant la morphine ». Et « le second le plus fréquemment retrouvé sur les ordonnances falsifiées présentées en pharmacie, derrière la codéine ».

Le tramadol, pas contre la migraine

Pour rappel, les spécialités à base de tramadol entrent dans la prise en charge « des douleurs modérées à intenses, mais ne doivent pas être prescrites dans le traitement de la migraine », détaille l’ANSM.

Lorsqu’un médecin prescrit du tramadol, le délai de prise doit être le plus court possible. Et « la posologie doit être diminuée progressivement avant l’arrêt du traitement pour éviter un syndrome de sevrage ».

De son côté, le patient doit rester vigilant sur l’observance du médicament en ne dépassant pas la dose prescrite. Si la douleur ne passe pas, la consultation du médecin est nécessaire pour adapter le traitement. Idem pour arrêter progressivement le tramadol : le médecin et le pharmacien sont là pour expliquer les paliers à respecter.

Enfin, « le tramadol expose à des risques de convulsions ». Pour éviter les consommations abusives, donc dangereuses, « il doit être délivré dans les plus petits conditionnements possibles, adaptés à la prescription », ni plus ni moins.

A noter : la prise excessive de tramadol présente un risque de mortalité.

  • Source : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), le 16 janvier 2020

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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